La manifestation des Poètes aux Sommets s’est déroulée pendant 5 jours au cœur de la vallée de Chamonix avec légèreté et subtilité. Les poètes y ont investi des lieux aussi diversifiés que les églises et chapelles des villages depuis Chamonix jusqu’à Vallorcine en passant par le Tour, Argentière, les Tines, les Praz, le grand salon du Majestic, l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme.
Ils ont pris de l’altitude en faisant sonner les mots sur les terrasses de l’Aiguille du Midi à 3842m sur fond d’azur et d’infini, sur le site du Montenvers autour du Temple de la Nature où ils ont accroché leurs messages, sur décor de cairns et de Mer de Glace au Signal.
Au cœur de la ville, ils ont posé leurs livres sur des tables Place de la poste.
Sur les places de l’Eglise et du Triangle de l’Amitié, ils ont rassemblé en mobiles à feuilleter des pages vivantes venues de tous les horizons, et les ont décorées de la colombe de la paix dessinée par Picasso.
Vous les avez peut-être rencontrés, vous les avez peut-être vus passer, vous les avez peut-être entendus chanter leur hymne composé spécialement pour cette occasion par Marie ROBERT, Présidente de Poètes aux Sommets, femme de paroles avec des mots, de gestes par la danse, d’images par la photographie, qui mobilise toute son énergie pour le développement et le rayonnement de la Culture de la Paix.
HYMNE « Nous les Poètes »
« Nous les poètes de la planète
Sommes venus au pied des Drus
Pour dire au monde assailli par le bruit
Que Poésie est la vie, la survie
Elle est présente en nos cœurs
Elan de beauté, de bonheur
Nous les poètes de la planète
Sommes présents près du Mont-blanc
Pour engendrer avec lui l’harmonie
Chanter, bouger, dire, danser, exprimer
Etre l’instant de conscience éclairée
Actrices et acteurs de la paix
… pour une civilisation éveillée »
La manifestation était placée sous le prestigieux parrainage de M. Fédérico Mayor, Directeur Général de l’Unesco de 1988 à 2000 et Président de la Fondation Cultura de Paz de Madrid.
M. Mayor, lui-même poète, avait envoyé son message personnel en 4 textes.
Le premier intitulé « Femme » est une constatation amère et il invite au changement de mentalité, à la rupture avec les cultes et cultures machistes pour un meilleur équilibre social et culturel en notre humanité. Extrait « Femme de ta gorge montait un chant nouveau, mais nous ne t’avons pas laissé la parole bien que tu sois la voix de la moitié de la terre… Femme tes yeux voyaient le monde autrement mais nous n’avons pas voulu ni savoir ce que voyait ton regard ni en connaître la chaleur… »
Le féminin s’était donc particulièrement invité à la manifestation et il a rayonné superbement dans les visages de la discrète et secrète Aziadée Simond, de la joyeuse et dynamique Sylvie Currioz, de la sereine et douce Nazand Beghikani du Kurdistan d’Irak, de la charmante et très croyante Mary Ann Lackovich du Wisconsin aux Etats-Unis, de la talentueuse lectrice et dessinatrice Dominique Reucheron, de la diversité représentée par Gilberte Barnaval venue de l’île de la Réunion, de la remarquable et spirituelle pianiste Christiane Gugger de Genève.
La gent masculine était cependant bien représentée en la personne de Guy Créquie, poète et philosophe, secrétaire de l’association, qui n’a pas hésité à louer le féminin en entonnant chants sacrés et mélodies d’amour.
Mme Janny Couttet, élue aux affaires culturelles de la Mairie de Chamonix, a apporté un soutien précieux et personnalisé, efficace et chaleureux, à toute la manifestation ainsi qu’aux poètes étrangers présents dans nos montagnes alpines.
Pendant ces journées consacrées à l’harmonie avec la nature, à la louange de la beauté et de la vie, à la conscience pleine et sereine de l’être humain capable de tisser des liens utiles, profonds et essentiels, la grâce d’un ciel d’azur lumineux et toujours radieux, comme la formation d’un arc-en-ciel en cercle autour du soleil à midi le 21 Juillet, ont été des cadeaux pour les poètes, des signes de bienveillance de tout l’univers à la hauteur de leurs efforts de communication, et des écritures cosmiques aussi encourageantes que toutes les reconnaissances, diplômes et distinctions de nos sociétés aux langages codifiés.
Avec leurs textes, les poètes ont rappelé la fragilité de l’existence humaine au sein d’une planète mise à mal par le pillage des ressources, par les guerres de toute nature faites à la nature humaine, faites pour l’appropriation des richesses et non pour le partage, le respect de nous-mêmes et de notre environnement.
A Chamonix, une conscience humaine et poétique s’est exprimée pour créer des instants de révélation, d’expression, d’émerveillement, de reconnaissance de la beauté, de gratitude à la nature et à la vie.
Depuis la contemplation de la lumière au soleil levant jusqu’à dernière lueur du soleil couchant, les poètes ont semé çà et là les traces d’une nouvelle culture faite de tissages, de sens, d’humanité, de sourires, de spiritualité et de symboles à partager.
Les avez-vous rencontrés ? La montagne était là pour eux et avec eux. Elle n’avait ni voilé ses sommets, ni caché ses aiguilles dans des nuages opaques et obscurs.
Avec leurs mots, leurs langues, ils ont fait résonner le cœur des pierres de la vallée depuis les galets des torrents jusqu’aux flammes de pierre élancées.
Si vous le cherchez bien du côté du Signal au-dessus de la Mer de Glace, vous trouverez un petit cairn dressé par Nazand et Sylvie. Il invite le marcheur à prendre le pas et le chemin de la paix intérieure pour qu’elle rayonne à l’extérieur.
Y aurait-il un regret à exprimer ? Oui, celui que notre humanité en soit encore au temps de la recherche de croissance et de consommation, dans la démesure et la quête de la performance, alors que notre planète terre a tant besoin que notre sensibilité éveillée et nos yeux grand ouverts, notre sagesse humaine soient garants de l’esprit de la cohésion et de la co-création nécessaire aux temps à venir pour le futur de nos enfants.
Ils ont le droit de vivre en bonne santé sur une planète saine et belle.
Et les enfants poètes Lilou, Mattéo et Naomie qui ont partagé leurs écrits au cours de ces journées l’ont parfaitement compris bien qu’ils ne soient âgés que de 8 ou 10 ans.
Enfin, ceux qui étaient à l’Aiguille du Midi le 22 Juillet en début d’après-midi ont pu assister à un récital exceptionnel, unique en son genre.
Accompagnée par le grand guide Claude Jaccoux, Marie Robert qui est aussi alpiniste a offert au public présent sur la terrasse San Remo rebaptisée Mont-blanc, un spectacle simple et émouvant.
Debout sur un rocher à l’arrivée de l’Arête des Cosmiques, elle portait les couleurs du message de son ouvrage « l’urgence d’aimer » préfacé par Albert Jacquard, le rouge pour l’effervescence de la vie, le blanc pour la clarté et la lumière, le bleu pour l’eau, les mers, les océans de la planète bleue.
Intégrée dans le paysage de la nature forte d’une montagne qu’elle fréquente et qu’elle aime, elle a récité deux de ses poèmes « Un sommet pour la paix » suivi de « Guide mon ami ».
Elle a ainsi rendu hommage aux gens de la montagne et au métier de guide, à la montagne qui l’inspire et au Mont-blanc qu’elle a gravi trois fois pour la paix, en août 1990 lors la menace de la première guerre d’Irak, à skis en 1992, et en juin 1994 pendant la guerre d’ex-Yougoslavie avec une cordée de cinq alpinistes de l’armée de Sarajevo venus de Bosnie Herzégovine.
A l’occasion de ce « Récital au Sommet » qu’elle rêvait de réaliser depuis de nombreuses années, en lumière naturelle sur le décor somptueux du Mont-blanc, Marie a édité un merveilleux livret de ses textes et l’a illustré avec quelques-unes de ses magnifiques photographies du massif.
Elle dédicacera ce recueil entre le 1er et le 15 août en différents lieux et évènements de la vallée.
Ne manquez pas ce deuxième rendez-vous.
Les femmes qui ont repris leur parole ne se taisent plus. A partir des sommets, leurs voix ont résonné et elles résonneront encore haut et fort vers tous les coins de la terre.
Que l’écho, les vents et les sables emportent ces voix et ces sonorités très loin, jusqu’en Chine, jusqu’au Tibet, jusqu’aux peuples qui aspirent à la dignité et à la liberté d’expression, à la reconnaissance de leurs cultures et de leurs spécificités, lorsque celles-ci ne portent pas atteinte aux droits élémentaires de la personne humaine !
Texte écrit par la Présidente
© Association Poètes aux Sommets, 66 Clos des Charmilles
74400 CHAMONIX MONT-BLANC – FRANCE
organisation@poetesauxsommets.org, www.poetesauxsommets.org.
Tél. 04 50 53 21 03 – 06 09 50 33 51
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