Poèmes primés 2019
Tes désordres
Ma chambre est un désordre
ma chambre c’est ton désordre
tu ne sais pas
ne douteras pas
les tissus mornes et blafards
sur les canevas du plancher
me réconfortent
je comble le vide
comme ma joie creuse
des parcelles de toi encore
le miroir embué observe
il est blafard lui aussi
rejouant les souvenirs muets
des nuits inoubliées
sa pâleur accuse
ma condition fantôme
les livres ouverts te respirent
tu as tout pris
tu prends toujours tout
tu as étendu une larme
sur la scène de nos jours
je ne crie plus
tu m’as bien appris
même le silence
Marianne Fortier, Cégep de Sainte-Foy
*****
Songe d’un jour d’été
L’ombre d’un sourire qui fait danser
La brise fraîche qui fait frissonner
Les exténués et les chaleureux
Tous en attente de l’orage
L’orage bienveillant
De ce jour d’été
Le canot file sur le lac
Dans un instant infini
La brume se lève
Tournoie, se fait mirage
Devient un miracle
De cette nature endormie
Des rires résonnent
Dans les bois perdus et retrouvés
La pluie est venue
Libératrice
Elle marque le début
De la clarté
Le travail nous attend
Quelque part dans l’horizon
Quand le feu
Flamboyant
Crépitant
Sera devenu tison
Les fleurs blanches et jaunes
Dansent près de nos pas
Tranquillement on revient
Aussi tranquillement qu’il faudra
Pour que tu sois encore là
Ma belle, avec moi
À la fin de ce songe
Ce songe d’un jour d’été
Éléonore Lemieux, Collège de Valleyfield
*****
Et même les plus belles histoires restent sans titre
Aujourd’hui malgré tout je m’ennuie
Je m’ennuie de tes plis de tes failles de tes trous
en enfonçant mes ongles dans ma peau
Je tente de les y recréer
J’échoue
À chaque fois
comme un écho de nos cataclysmes intemporels
la catastrophe s’enfuit
n’osant plus me frôler
J’essuie mes pleurs sur les montagnes pour abreuver les rivières
dans l’espoir que tu viennes t’y rafraîchir
ce serait comme si nous ne faisions plus qu’une
mais tu as toujours préféré les étoiles que même mes cris ne peuvent atteindre
Je rêve de ton toucher sur mon âme nue
et si nous éteignions les astres
pour laisser les projecteurs de notre vie briller sans gêne
et si nous liions nos doigts les uns aux autres au lieu de nous lier au silence,
aux secrets, à la honte
Fini les séismes figés, les hurlements sourds, les amours discrètes
Embrassons-nous ici et maintenant avant qu’il ne soit trop tard et
foutons le feu aux planches
mes mains dans tes cheveux les tiennes sur mes hanches
procréons un monde libre
où nous ne serons pas un spectacle mais
une révolution
Mes ongles creusent encore des sillons dans ma chair espérant peut-être
que nous puissions nous y cacher mais je refuse la punition le confinement
je me sauve par la fenêtre la plus proche de mon coeur et crie sur tous les toits
Jamais plus nous nous ne serons tues
Laura Doyle Péan, Cégep Limoilou
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