Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir de mettre un peu de lumière sur Éric Roger.
Éric est un homme accessible, gentil, dévoué, qui contribue depuis de longues années à la vie poétique de Montréal et du Québec. Tout le monde connait Éric, tout le monde aime Éric.
Poète, performeur, animateur, etc…, ses facettes sont multiples.
Je ne pense pas qu’un seul poète du Québec ne soit pas passé, d’une manière ou d’une autre, entre ses mains.
Aujourd’hui Éric, je tiens à te féliciter et à te remercier pour tout ce que tu a accompli, et pour tout ce qu’il te reste à faire.
Sérénité et inspiration, mon ami.
*
FUIR SA QUÊTE AU SUD DE SA MÉFIANCE Je suis la balle du gun pas déchargée je marche sur mon ombre en parcourant des chemins de lumière les désaxés sont à l’honneur dans cette course folle déshumanisée le monde s’écroule personne n’ose le dire le silence coud des points de suture aux mots les gens fuient le bonheur des autres en tentant d’échapper à leur petite mort qu’ils se sont donnés le jour où ils ont réalisé que personne n’était là pour les aider je marche en écrivant sur mes neurones convaincu que quelqu’un me suit et se met à imiter mes pas
Éric Roger, le 5 janvier 2016
*
Laisse la danser elle se promène sur ma peau elle m’embrasse à reculons son pouls danse le tango de la mort le fou de nous deux s’impatiente je chasse les démons sous mon oeil les rides sont poétiques
Éric Roger, Burning Tall
*
Je m’endors sur des chemins méconnaissables de nous deux
même ta main autour de mon gland
n’a pas survécu
il ne reste qu’un naufrage à secourir avant la tempête
une sorte de soif qui n’a plus de limite
je bois ton sang dans mes rêves
ma grand-mère en était vexée
le désir court dans ma tête
on tente de le tuer
je cours plus vite dans mes veines
que dans la réalité elle même
Rob Halford chante:
You’ve got another thing coming
Éric Roger, Burning Tall
*
Je m’accroche aux lumières
Qui me tendent un dernier soupir
Dans l’œil de la mouche
Il y a des conditions pour survivre
Tu as mis ton masque à nu
Je respire la nuit jusqu’à temps
Qu’elle me dévisage
*
Éric Roger a grandi entre Saint-Henri et Ville-Émard. Il a animé à la radio de CISM, CKUT et CINQFM. Il anime depuis 2000 les soirées de poésie-musique SoloVox un peu partout au Québec.
Il a publié 14 recueils de poésie dont trois titres chez TNT, il sortira sous peu La pluie de la mort son quinzième recueil avec illustration de Away du groupe voivod.
de la vie elle avait éprouvé les fragiles passages
le vent le désordre et l’oubli.
Belle empreinte de bleu
elle saluait les pierres invisibles
sur les murs de la grotte.
Avec elle soudain tout devenait sans bord
sans bout du monde
tu pouvais ouvrir les fenêtres du temps
et tu l’accompagnais
ré enchanter les lieux.
Que l’instant de beauté, de bonheur et d’amour
ne se dissipe point :
Verweile Augenblick, du bist so schön !
*
Reprends le livre
et fais silence.
Tes poèmes auront alors la force
et leur chant le pouvoir
de rappeler l’âme furtive
de tes chers disparus.
*
Je me demande quel regard
quelle parole muette
quel sourire intérieur
auraient pu déjouer
le frisson qui me saisit
quand sans l’avoir voulu
je me surpris à tutoyer la mort.
*
Sylvestre Clancier est né à Limoges en 1946. Sa formation philosophique l’a amené à entreprendre des recherches sur l’allégorie et le symbolisme, ainsi que sur la patascience et l’imaginaire. Il est l’auteur d’un Freud (éd. Érès, 1998), d’une fable philosophique de politique-fiction, Le Testament de Mao (éd. J.-P.Delville, 1976), d’un essai sur la poésie, La Voie des poètes (éd. J.-P. Huguet, 2002), d’un essai socio-historique, La Vie quotidienne en Limousin au XIXe siècle (en collaboration avec G.-E. Clancier, Hachette, 1976), ainsi que d’une anthologie Poésie de langue française, 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, avec S. Bataillon et B. Doucey, éd. Seghers, 2008.
Il a surtout publié des poèmes et des fantaisies en prose. Sylvestre Clancier a été attaché culturel à l’Office de la Langue Française au Québec (Canada), où il a également enseigné la philosophie. Il a ensuite enseigné la littérature et la civilisation françaises dans les universités de Paris 13 et de Paris 1.
Il a mené parallèlement une activité d’éditeur commencée chez Robert Laffont et poursuivie dans différentes maisons d’éditions. Co-fondateur et directeur général des éditions Clancier-Guénaud pendant douze ans (jusqu’en 1989), il a aussi été co-fondateur et membre du Conseil d’Administration des éditions Érès pendant vingt cinq ans, de 1981 à 2006. Il intervient dans de nombreuses associations d’amis d’écrivains et dans des institutions littéraires dans lesquelles il a été élu. Ainsi est-il membre fondateur et président de La Nouvelle Pléiade, des Associations des Amis de Gaston Miron et des Amis de Jean Lescure, ou encore membre de la Maison des Ecrivains et administrateur de la Maison de Poésie / Fondation Emile Blémont reconnue d’utilité publique.
Membre du bureau de l’Association Internationale de la Critique Littéraire, il est administrateur élu de la Société des Gens de Lettres de France. Après y avoir assuré les fonctions de Rapporteur général, de Président de la Commission des Affaires financières et des legs, de trésorier adjoint, il y a présidé successivement les Commissions de Poésie, des Affaires européennes et de la Francophonie.
Il a été élu à ce titre, en 2011, vice-président de la Fédération des sociétés d’écrivains européens. Il est membre de plusieurs jurys, Grand Prix de la Critique littéraire, Prix Louis Guillaume du poème en prose et des Prix Roger Caillois décernés chaque année dans le cadre d’un partenariat entre le PEN Club français et la Maison de l’Amérique Latine. Président d’honneur du PEN Club français, après en avoir été le président, il est membre du Comité Exécutif du PEN International. Sylvestre Clancier a été Secrétaire général de l’Académie Mallarmé, dont il est aujourd’hui, vice-Président.
OEuvres : Saisons et rivages, en collaboration avec Julia Reix, éditions de la Tour de Feu, 1967 Profil du songe, éditions Encres Vives, 1971 Textructions, éditions de la Revue Métamorphoses, 1973 L’herbier en feu, éditions Proverbe, 1994 Enfrance (Poèmes & Prose), éditions Proverbe, 1994 Le présent composé, Écrits des Forges/Proverbe, 1996 L’animal animé, Bestiaire symbolique, éditions Proverbe, 1999 Pierres de mémoire, Écrits des Forges/Proverbe, 2000 Poèmes de la baie, Les Cahiers bleus, 2001 L’Âme alchimiste, éditions Proverbe, 2002 Poèmes de l’avant / Poèmes de l’après, La Porte, 2003 Une couleur dans la nuit, éditions PHI /Écrits des Forges, 2004 Ecritures premières, L’Improviste, 2004 L’éternel éphémère des visages et des corps, Prodromus, 2005. La lingua improbabile della memoria, La Porte, 2006 Un jardin où la nuit respire, éditions PHI/Écrits des Forges, 2008. Généalogie du paysage / Quatrains limousins, L’Harmattan, 2008. Le Livre d’Isis, Al Manar, 2009 La Promesse des morts, La Porte, 2010 La Mémoire improbable, éditions Henry / Écrits des Forges, 2010 Expansion du domaine de la bulle, Le Grand Incendie, 2010 Un souffle ancien, La Porte, 2012 Dans l’incendie du temps, L’Amandier, 2013 Le Temps fait corps avec la terre (Éditions de la Lune Bleue, 2014
Né en 1955, à Havay (Hainaut belge). Etudes de lettres romanes et de philosophie à Namur et à Louvain. Mémoire de licence consacré à une approche sémiotique de Proust (promotrice : Ginette Michaux). Etudiant d’André Sempoux, de Jean Ladrière. Professeur de français, d’histoire de l’art et de philosophie à Soignies.
Chroniqueur à regArt, à l’Arbre à paroles (1995-1998) et à Dixformes-informes (2000-2002). Collabore, depuis ses débuts en 1993, à de nombreuses revues littéraires : Multiples, Le Fram, Archipel, Rétro-Viseur, Le Non-Dit, L’Inédit nouveau, Le Spantole, Le Pollen d’azur, Traversées, Issimo (Palerme), Ecriture (Lausanne), Le Mensuel poétique et littéraire, La revue générale, Courant d’Ombres, Estuaires, Arpa, Saraswati…
Des centaines de poèmes et deux cent vingt articles parus. Articles consacrés à Zrika, Dugardin, Vandenschrick, Rombi, Guillard, Grandmont, Miniac, Kiesel, Baude, Leclercq, Donnay, Counard, Wauthier, Aubevert, Mathy, de Cortanze, Sallenave, Scola, De Halleux, Lison, Nys-Mazure, Jones, Foulon, Léautaud, etc. Critique littéraire au Journal des poètes, à Bleu d’encre, à Francophonie Vivante, aux Dossiers L (sept monographies consacrées aux poètes belges Vandenschrick, Kinet, Lambiotte, Donnay, Romus, Roland, Bonhomme, Rose-Marie François, Liliane Schraüwen, Béatrix Beck). Auteur de préfaces à des plaquettes (Clapàs) de P. Roland, R. Counard et F. Kiesel. Boursier de la Communauté française (1994). Prix de la Province de Liège (Concours Pyramide 2000).
Résidence d’auteur à l’Academia Belgica de Rome (2003 et 2005). Membre de l’Association des écrivains belges, de l’association Charles Plisnier, de l’Association des Professeurs de français, de l’Association Royale des Ecrivains wallons, du Cercle de la Rotonde. Examinateur au Jury de la Commaunauté française (histoire, géographie…). Traduit en italien par Bruno Rombi. Traduction de l’italien (Mosca, Rombi). Dossier sur Grandmont paru en 2005 à « Autre Sud ».
Lauréat du Prix Emma Martin de poésie 2010 pour son livre de poèmes « Selon le fleuve et la lumière » (Ed. Le Coudrier, 2010, 126 p.). Son recueil « Lumière nomade » paru aux éditions M.E.O. a, quant à lui, reçu le Prix Robert Goffin 2014 et le Prix Gauchez-Philippot 2015.
Bibliographie
Une ombreuse solitude, l’Arbre à paroles, Amay, 1994.
Poèmes d’entre-nuits, Le milieu du jour, Paris, 1995.
Et déjà mon regard relue la cendre, Ed. Clapàs, Aguessac, 1996.
Comme une épaule d’ombres, L’Arbre à paroles, Amay, 1996.
Le fraudeur de poèmes, Tétras-Lyre, Soumagne, 1996.
Une sangle froide au cœur, L’Arbre à paroles, Amay, 1997.
Nous aurons, Ed. Clapàs, Aguessac, 1998.
Une espèce de tourment ?, L’Arbre à paroles, Amay, 1998.
Puisque Lisbonne s’écrit en mots de sang, Encres Vives, Colomiers, 1998.
Un obscur remuement, La Bartavelle, Charlieu, 1999.
Le fleuve et le chagrin, Tétras Lyre, Soumagne, 2000.
La main compte ses larmes, Ed. Clapàs, 2000.
Poèmes de la quiétude et du désoeuvrement, L’Arbre à paroles, Amay, 2000.
Un bref séjour à Nad Privozem, Encres Vives, Colomiers, 2000.
La ville enfouie, Encres Vives, Colomiers, 2001.
Celui qui souffre, Ed. Clapás, Aguessac, 2001.
Poèmes pour, La Porte, Laon, 2001.
Touché cœur, L’Arbre à paroles, Amay, 2002.
Sans l’armure des larmes, Tétras Lyre, Soumagne, 2003.
Faubourg d’herbes flottantes, La Porte, laon, 2003.
Errances dans un Bruxelles étrange, Encres Vives, Colomiers, 2004.
Les 16 élégies de ruine, Multiples n°64, Longages, 2004.
Rome cœur continu, La Porte, Laon, 2004.
Te voilà revenu, Ed. Les Pierres, Tournai, 2004.
En écoutant Paolo Schettini, Encres vives, 2006.
Un dé de fatigue,Tétras Lyre, 2007.
Etymologie du cœur, Encres vives, 2008.
Rome rumeurs nomade, Le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, 2008.
Périphéries, Encres vives, 2009.
Selon le fleuve et la lumière, Le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, 2010.
Le beau livre des visages, Maelström, 2010.
Le coeur se hausse jusqu’au fruit, Les déjeuners sur l’herbe, 2010.
Rome à la place de ton nom, Bleu d’encre, 2011.
Romadesso, poèmes inédits.
L’aile du matin, poèmes inédits.
La rue pavée, poèmes inédits.
Un bandeau d’ombre douce sur les yeux, Poèmes 1996-2005 inédits.
Une inquiétude passionnée, poèmes inédits.
Selon le fleuve et la lumière, Ed. Le Coudrier, 2010, 126 p. Prix Emma Martin de poésie 2010 décerné par l’Association des Ecrivains Belges, lors de la Rentrée Littéraire du 12 octobre 2011.
Dans la maison Wien, Encres Vives, 2011.
D’enfances, Le Coudrier, 2012.
Au plus près, Éditions du Cygne, 2012. (Le Chant du Cygne).
Un piéton à Barcelone, Encres Vives, 2012. (Lieu).
Quelques mains de poèmes, L’Arbre à paroles, 2012.
Lumière nomade, M.E.O., 2014. Prix Robert Goffin 2014. Prix Gauchez-Philippot 2015.
Axel Sourisseau est né à Nantes en 1988. Il a étudié l’histoire de l’art et l’archéologie.
Féru d’anthropologie, il sillonne grâce à l’écriture les liens complexes entre territoire, mythe et mémoire.
Son premier recueil, Le ravin aux ritournelles, a obtenu le Prix de La Crypte en 2017. Il a publié son deuxième ouvrage, catafalques, en 2020 (Prix Louis Guillaume 2022).
Ce premier numéro 2022, une fois n’est pas coutume Pro/p(r)ose Magazine l’a souhaité particulièrement dense, une manière d’inaugurer l’année avec panache et de vous remercier de nous lire et de nous suivre toujours plus nombreux.
Une générosité, une fidélité et un goût du partage qui par delà les frontières nous touchent autant qu’ils nous rapprochent et sans lesquels notre revue ne ferait sens.
Comme à l’accoutumée, nous vous proposons ce mois, outre des recensions de lectures une pléthore de créations, mais aussi un entretien exclusif avec Myriam O.H. une voix poétique contemporaine et audacieuse à ne pas manquer, du cinéma…Des découvertes et redécouvertes passionnées.
Nous vous en souhaitons une bonne lecture.
K.Cayrat, fondatrice et directrice de publication de Pro/p(r)ose Magazine.
ce que l’on voit revient d’un temps collé à l’ombre
la terre n’est jamais loin du ciel
*
Crépitements
au creux de la main
je ferme mes doigts
sur un fruit invisible
sa pelure d’air
son jus de désir
vidé jusqu’aux pépins
lune à demi-pleine
*
Je m’étends sur la mer en étoile,
avec un souhait profond, embrasser l’univers,
le boire. Mes souvenirs me font trembler.
Attachée au vent comme à un feu,
je glisse dans la marée, insoumise,
pour toucher la mémoire des hommes.
La matière du monde s’ouvre avec le désir.
Je suis cette nuit de fête sur la plage mouillée.
Je ne sais plus si l’ivresse me provient de la couleur
des flammes, de sa salive au goût de cassis
ou du mouvement des étincelles du plancton
sous nos brasses, mais il me faut sa chair
pour réveiller le pouvoir de la nuit.
*
Laure Morali est poète, auteure de récits et romancière. La mer à la porte, La route des vents, La terre cet animal, Traversée de l’Amérique dans les yeux d’un papillon, Comment va le monde avec toi,Orange sanguine… Ses titres en appellent au souffle des éléments pour s’unir autour d’une quête de lumière.
Dans son dernier livre, En suivant Shimun (éditions du Boréal, collection « L’œil américain », 2021), Laure Morali souligne les motifs qui traversent tous ses textes — la transformation des êtres et de leurs identités au contact de l’altérité, le nomadisme, le langage de la nature, la passation d’histoires porteuses de souffles anciens.
Originaire d’une presqu’île des côtes d’Armor en Bretagne, elle vit à Montréal. Ses racines plongent dans la Manche, l’Aurès et les Vosges. Son écriture façonnée par la respiration de la mer n’a de cesse de chercher à relier des mondes séparés par les ressacs de l’Histoire. L’anthologie Aimititau!Parlons-nous! qu’elle a dirigée (2008 et 2017) a contribué à renforcer les liens entre auteurs du Québec et des Premières Nations.
En tant que réalisatrice de documentaires de création, elle a signé les films Les filles de Shimun (52 min), Les femmes naissent dans les coquillages (26 min) et L’Ours et moi, portrait de l’écrivain N. Scott Momaday (30 min).
Ses ateliers d’écriture ont donné des fruits tels que l’album Mingan mon village, poèmes d’écoliers innus, illustré par Rogé (La Bagnole, 2012, prix jeunesse des libraires 2013) et l’anthologie Nin auass/Moi l’enfant qu’elle a codirigée avec Joséphine Bacon (Mémoire d’encrier, 2021). Laure Morali fait partie du comité de rédaction de la revue Apulée (éditions Zulma).
Claudine Bohi est une poétesse française née en 1947. Elle est agrégée de Lettres et psychanalyste. En plus de sa carrière d’écrivaine, elle est chargée de cours à l’université Paris IV-Sorbonne et enseigne au lycée Voltaire, à Paris. Ses textes figurent dans diverses anthologies célébrant l’érotisme dans la poésie. La qualité de son œuvre littéraire fut saluée par différentes récompenses, dont le Prix Paul-Verlaine pour Atalante, ta course (Éditions la Bartavelle, 1998) et le Prix Mallarmé pour Naître c’est longtemps (Éditions la tête à l’envers, 2018).
Dans son dernier recueil, L’enfant de neige (Éditions de L’herbe qui tremble, 2020), les poèmes de Claudine Bohi s’attardent à l’éclosion du langage et à son déploiement, à ce qui dans notre usage des mots traduit notre singularité.
à cette porte presque morte où résonnent les gonds de vaines purifications
Je heurte Parce que je suis heurtoir
sur la fracture sur les blessures où vibrent mes suppliques et mes prières faméliques
Je heurte Parce que je suis heurtoir
et m’agenouille sombre fripouille à l’échancrure des souvenances aux éboulis des insolences
Je heurte Parce que je suis heurtoir
est-elle encore si farouche ou orpheline, ma manouche ou dans les bras, belle grivoise d’un prince qui l’apprivoise
Je heurte Parce que je suis heurtoir
ma pogne se boursoufle sur ce cœur que je maroufle de mes cris sans blasphème de mes râles qui s’enchaînent
Je heurte Parce que je suis heurtoir
à cet airain d’outre-tombe au chaos d’une catacombe où mes rêves hallucinent après la marche des guillotines
Je heurte Parce que je suis heurtoir
pour qu’elle m’ouvre sa croupe pour qu’elle découvre ma coupe
Je heurte Parce que je suis heurtoir
et je heurte heurte sans tympan et je heurte jusqu’au sang
*
d’un souffle tu ériges et dédies aux retrouvailles ce que tes rêves ont deviné
lire ensemble ces minutes du pacte vital que fige la tendresse
brûlant rituel des caresses qui fécondent le désir
oraisons barbares pour exhumer la vie
*
Écrivain suisse d’expression française, Claude Luezior a accompli ses études primaires et secondaires à Berne, Fribourg et Philadelphie puis a étudié aux universités de Fribourg et de Genève, aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et au CHUV à Lausanne, au Queen Square Hospital de Londres, à la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota) et au Massachusetts General Hospital (MGH) de Boston. Médecin, spécialiste en neurologie (son nom civil est Claude-André Dessibourg), il devient chef de clinique au Centre Hospitalier Universitaire (CHUV) à Lausanne puis professeur titulaire à l’université de Fribourg. Parallèlement à ses activités scientifiques, il écrit sur le plan littéraire depuis son jeune âge mais ne commence à publier que depuis 1995.
Sortent dès lors une cinquantaine d’ouvrages, dont une majorité à Paris : romans, nouvelles, recueils de poésie, essais, ouvrages d’art. Tout comme en médecine, il encourage la collaboration multidisciplinaire, donne des conférences, participe à des expositions et à des anthologies, écrit des articles dans des revues littéraires ainsi que des préfaces.
Ses huit premiers ouvrages ont été publiés par Buchet/Chastel, éditeur parisien de Cendras, Valéry, Colette, Durrell, Miller etc. Quatre recueils sont parus chez Encres Vives, collection dirigée par Michel Cosem, prix Renaudot des Benjamins 2003. Pour un tesson de lune a été préfacé par Jean Desmeuzes, inspecteur d’Académie, prix Apollinaire 1964 (que l’on appelle parfois le Goncourt de la poésie).
Certains livres de Luezior sont traduits en langues étrangères et en braille. Il reçoit de nombreuses distinctions, dont le Prix européen ADELF-Ville de Paris au Sénat en 1995 ainsi qu’un Prix de poésie de l’Académie française en 2001 (Hélène Carrère d’Encausse). Le Prix de poésie Hélène Rivière de l’Académie rhodanienne des Lettres lui est décerné en compagnie de Philippe Jaccottet (Grand Prix) en 2001. Luezior est nommé Chevalier de l’Ordre national des Arts et des Lettres par le Ministère français de la Culture en 2002. En 2013, le 50e prix Marie Noël, dont un ancien lauréat est Léopold Sédar Senghor, lui est remis par l’acteur Michel Galabru, ancien membre de la Comédie française.
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