Préambule:
Entre pandémie et guerres, l’insolence de l’humanité à l’égard de l’autre, de la nature, de la connaissance, de l’histoire, de la vérité, est démentielle.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous taire.
Ainsi commence cette suite de poèmes, qui j’espère, sera multiple et multitude.
Un immense merci aux poètes qui joignent ici leur voix à la mienne.
Christophe Condello 24 février 2022
L’éternité finira-t-elle par commencer
Despote cruel par Raynald Boucher
Poutine le mal-aimé
Ce terrible tyran
Qu’il quitte les rangs
D’une humanité
En quête de lumière…
Car il est noirceur
Ce vil truand
Qui n’a de cesse
De vouloir
Contrôler la terre
De voler, de piller
Tel un rapace vorace
Tout autour tel un vautour
Sans détour, sans amour
Par cupidité par insipidité
De cœur et d’esprit dénaturés …
Que s’unissent nos voix
Nos cris nos pleurs
Que nos mots
Deviennent compassion
Devant la douleur
Que subit ce peuple
Bien malgré lui…
J’ose croire
Que les balafres affreuses
De cette horrible guerre
Causée par la folie meurtrière
De ce despote cruel et sanguinaire
Ne demeurent pas sans punition!
Car l’horreur et la détresse
Causées aux corps et aux esprits
Aux cœurs d’espoirs
En un monde meilleur
Sont à mes yeux
Inconcevables!
Et pourtant!
Il y a ces bombes
Et ces missiles
Ces chars et ces artilleries lourdes
Déchirants le silence de la nuit…
Il y a ces oreilles sourdent
Aux bruits sordides
Des canons
Aux pleurs aux cris d’enfants
Perdus dans la nuit
Au loin de leurs parents!
À qui doit-on ce prix
Payé en vain
Ce sang ces yeux exorbitants
Versés en vingt en cent en mille
Et en millions
De délogés de déportés et d’amputés
Relégués au destin d’une mauvaise destinée!
En somme
Je n’ai qu’un espoir
Que cesse la guerre
Ces outrages militaires
Contre une riche nation
Fière et prospère
Qui n’a d’intention
Que d’offrir à sa population
Qu’espoirs et rêves
En des jours meilleurs
Dans l’ici et maintenant?
Raynald Boucher
Je porterai à toi par Geneviève Catta
je porterai à toi
la joie
l’espérance
du battement des cœurs
même si tu es sourd
aux pétales
sur tes mains rugueuses
de pilleur
(tout peut arriver
dans ce long cri de la vie
à préserver)
Geneviève Catta
J’ai mal à l’âme par Aimée Dandois
J’ai mal à l’âme
déchirures
pluies de gravats
sifflements de roquettes
Clouant
à jamais
le seuil de l’enfance
Martyrs des cités
repliées sur elles-mêmes
nuits de smog meurtrier
poussières de ruines
Faites taire ce tonnerre
cette gronde
tout ce tumulte
Sbires en mal d’appâts
martelant le silence
tuant la paix
cessez! Cessez!
Que fusent
de l’âme les bruissements
au feutré du silence
Sans fêlures ni fracas
qu’émerge
cette musique intérieure
en un motet
sans failles
Vide de bruits
que la vie reprenne
son souffle
Aimée Dandois
Guerre en Ukraine par Germain Droogenbroodt (Traduction Elisabeth Gerlache)
*
Ici les amandiers sont en fleurs
un enchantement pour l’œil
qui aime la beauté
bientôt les orangers aussi
répandront leur parfum envoûtant
mais autre part la guerre fait rage
et le regard ne perçoit que ravage
et souffrance humaine
là ne fleurit aucun bourgeon
étouffés qu’ils sont dans la fumée
d’une violence barbare.
*
DESPOTE
La nuit a assailli l’aurore
et détourné de la paix
la précieuse lumière.
Le silence se tait
couvert par les détonations, le fracas des canons
et le hurlement des sirènes.
Impassible face à la douleur
─ même celle de son propre peuple
*
COLOMBE DE LA PAIX
Il pleut.
il pleut de la tristesse
pour les victimes innocentes
pour la destruction d’un pays
pour l’ampleur de la violence meurtrière
affamée la tourterelle quitte
la protection de son arbre
un lacet semblable
à l’anneau noir autour de son cou.
Germain Droogenbroodt
Haïkus par Iocasta Huppen
*
Giboulées de mars
l’ultimatum d’une saison à l’autre –-
à l’Est la guerre continue toujours
*
La guerre à nos portes –-
ma fille remplit des cœurs
aux couleurs bleu et jaune
*
Jours de printemps –-
je nous souhaite la paix
et des enfants heureux !
*
Iocasta Huppen
Haïku par Dominique Jacquet
l’oiseau lyre
dans le ciel de l’enfant –
brindille de paix.
Dominique Jacquet
Il faut cent jours de nuit par Benjamin Millazo
Il faut cent jours de nuit
dans les vents barbelés
l’étreinte masque les sangs
et défit les jours
il faut cent jours de nuit
pour meubler la glaise
d’inhumains fragments
je vois dispersé dépecé
un champ de blé sous un ciel bleu
une moisson de frayeurs
dans le givre d’un hiver
prêt à durer au creux
de corps dépossédés
il faut cent jours de nuit
pour que s’élèvent les voix
des chants libres
sa colère n’est pas ma colère
mais j’épouse ma condition
par force et conviction
les mots meurent les actes restent
ma déraison verte et vorace
cherche un asile qui ne masque
sous leurs pas
un déchirement indélébile
partir est le froid
d’une étoile polaire
que je sème sur ma famille
pendant que je presse ma prière
sur le cylindre froid et rouillé de mon AK
qui materne mon asile et ma terre
il faut cent jour de nuit
pour moissonner l’hiver
sucer le grain de la colère
mon manteau effilé
par les barbelés
devant un champ de roseaux
sans oiseaux
maudites mains invalides
je remarque
l’éclat rougeoyant
de mon vulgaire mégot
qui s’éteint
comme le soleil au loin
à côté luit encore
mon sourire expansé
figé pour l’éternité
les yeux vers les cieux
trempés dans le bleu nuit
de la mitraille
il a suffit d’une nuit
pour rompre le jour
Benjamin Milazzo
1-
Nous esquissons des murs
avec des portes
pourquoi donc construire des murs
quand nous avons tant besoin d’amour
2-
La tendresse est un symbole
d’éternité
la puissance infinie
de l’énergie
3-
Un tsar se sustente
de caviar
recueilli en mer Caspienne
repu par une chorégraphie
de vagues pleines d’écume
et d’étoiles de fer
la paix elle
a le nez cassé
4-
La sève afflue
au bout de nos doigts
dans l’intime présence
du printemps hâtif
et de nos corps
désaccordés
5-
Dans chaque imaginaire
réside une part de vérité
et toute vérité comprend
aussi un soupçon
d’imaginaire
6-
Durant chacun de nos passages
ici
ou ailleurs
divers temps nous apportent
le silence
un peu d’espace et de lueur
entre nos atomes
nos voix ainsi lactées
7-
Nous ne refuserons jamais
la joie
ni l’instant
où nous sommes
enchevêtrés
dans la lumière
il y a la nuit
et beaucoup d’étoiles
entre nous
8-
Le vide doit-il rejoindre
un absolu
pour exister
souvent transformer l’abstraction
en tout
ce qui est
abondance
Christophe Condello

« Voici la fenêtre du chercheur urbain Lev Shevchenko à #Kiev. Il s’est barricadé avec des livres pour empêcher les cristaux de voler dans la pièce pendant le bombardement. »
(Katerina Sergatskova)
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