La famille Souffle inédit vous souhaite une bonne et heureuse année pleine de santé, d’amour et d’art !

31 Déc 2022 2 Commentaires
dans Poésie
La famille Souffle inédit vous souhaite une bonne et heureuse année pleine de santé, d’amour et d’art !
31 Déc 2022 8 Commentaires
Bonjour à toutes et tous,
et bonne année 2023.
Dernière journée de l’année 2022, je me livre ici à un petit jeu, celui de citer les recueils de poésie qui m’ont le plus émerveillé ces 12 derniers mois.
Une année 2022 riche de poésie et de satisfaction.
26 recueils plus 1, puisque l’un des livres est techniquement paru en décembre 2021 mais incontournable à mon sens…
Voilà donc mon énumération, en toute subjectivité, sans ordre de préférence (merci à tou(te)s les auteur(e)s et maisons d’éditions pour cet excellent travail).
Et une pensée très spéciale pour mes amis, Aimée Dandois tellement inspirée, Ricardo Langlois pour son dévouement immense à la poésie ainsi que sa gentillesse et Pierre Turcotte pour son implication et sa confiance.
Merci aussi spécial à Jean-Claude Goiri et à Tarmac Éditions pour leurs si précieux recueils.
Ma liste:
–Exercice de joie de Louise Dupré (Noroît)
Troisième recueil d’un triptyque sur les possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse, Exercices de joie prend le risque de la tendresse en choisissant la douceur comme arme de combat. Dans une écriture fluide qui alterne entre prose et vers, les poèmes explorent la notion de joie, non seulement comme quête d’apaisement, mais comme responsabilité à l’égard des autres : le souci de leur apporter espérance.
–La fabrique du noir de Virginie Chaloux-Gendron (Noroît)
J’ai écrit ce livre sur le chemin du retour entre ma fin et demain. En suivant mon ombre, j’ai retrouvé ma voix, lavée à grande eau. Elle semblait m’attendre. Je l’ai regardée. J’ai eu peur de m’y mettre les pieds. Le temps s’est suspendu. Le tableau est devenu solide. Je m’y suis accrochée. Puis j’ai compris. Parler. Voilà le voyage auquel je me suis conviée.
– VCG
–L’angle noir de la joie de Denise Desautels (Gallimard) (décembre 2021, mais impossible de ne pas le citer….)
On retrouve dans L’angle noir de la joie le rapport trouble que l’auteure entretient avec l’émotion de la joie, tant dans la vie que dans l’écriture : «J’aime le mot joie, écrit-elle, j’en aime la texture sonore énigmatique, la part obscure, l’étrangeté même, et la fausse brièveté. J’aime qu’il offre une résistance, qu’il ne réponde pas directement – comme tous les autres qui font la poésie, choisis un à un, avec intention et précaution – aux questions que nous nous posons, qu’il n’arrive, en fait, qu’à en soulever d’autres, vrillant l’opacité du monde sans en chasser l’inquiétude, sans en refuser la part troublante d’informulable et d’ambigu.»
–Le muguet rouge de Christian Bobin (Gallimard)
Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu’un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m’invite à aller le voir. L’homme tient une auberge au bord d’un lac. J’y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d’un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s’apprêtent à incendier la plaine. Je reviens vers mon père, lui demande qui est cet homme. Il me répond que c’est une partie de sa famille dont il ne m’avait encore jamais parlé. Va les voir, me dit-il, apprends à les reconnaître.
–Quand je ne dis rien je pense encore de Camille Readman Prud’homme (Oie de Cravan)
Quand je ne dis rien je pense encore explore en poésie ces moments où la conversation s’interrompt et où les choses à dire restent en nous, parce qu’elles nous apparaissent trop incertaines ou trop particulières pour être partagées. Ces instants où ce qu’on pense se sépare de ce qu’on dit, où parfois notre visage dit des choses que nous préférerions garder pour nous, où il nous arrive de parler en retard. Entre ce qui se manifeste en nous-mêmes, ce que nous montrons et ce qui est perçu se créent des écarts, que nous tendons toujours plus à taire qu’à expliciter. Chacune, chacun, se retrouvera dans la fragilité de ces instants si rarement nommés.
–Résoudre d’Alexandre Morneau-Palardy (Hexagone)
Le poète cherche à prendre à plein bras les failles et les doutes, les apories de filiation et l’émerveillement de pay-sages encore à construire. Dans une langue où courent des rires en chapelets, il apprivoise ses différentes mues. Pour que tout tienne, il lui faudra tisser une généalogie familiale et littéraire, et ne pas craindre quelques éboulements.
–Une flambée mes mains d’Alycia Dufour (Poètes de brousse)
Premier recueil d’Alycia Dufour, Une flambée mes mains déploie une écriture toute en finesse qui prend ancrage dans la tradition pour mieux la faire trembler. Campés dans un décor hybride, à cheval sur le folklore et une sorte d’apocalypse intime, les poèmes se déploient tel un fil savamment tendu entre père et mère, enfance et renaissance, nature et barbarie, faisant du contraste le coeur battant et entêté de la métaphore.En résulte un univers fougueux et résolument original où les légendes recommencent le monde comme « fièvre sur peau grise ».
–La sortie est une lame sur laquelle je me jette de Marie-Élaine Guay (Poètes de brousse)
Avec une plume toute à la fois tranchante et intimiste, Marie-Élaine Guay s’efforce, dans ce deuxième recueil de poésie, d’explorer sans ambages les souterrains de l’expérience de la maternité. La sortie est une lame sur laquelle je me jette embrasse, sans ordre de grandeur, l’amour foudroyant et la funeste fatigue des « femmes de notre siècle/[qui]/tombent comme des mouches/dans la pénombre des jardins ».
–Baisers soufflés de Patrick Devaux (Pierre Turcotte Éditeur)
L’Éternité s’accomplirait-elle avec nos traces de passage invectivant l’oubli ?
Le poème se veut vie dans les reflets possibles, le poète ne pouvant se satisfaire de l’érosion du temps à laisser disparaître les gestes.
C’est en cela que Patrick Devaux propose des « baisers soufflés » entre mémoire, écho, quais de gare et futur avec, peut-être, ce train qui emmène « la passagère de l’oubli ».
Ces poèmes verticaux où chaque mot pèse, chaque mot compte, chacun a sa manière propre, le temps d’un arrêt de la pensée, mais aussi où le sens s’élève et s’échafaude, nous mènent en gare, justement, avec la passagère de l’oubli.
–La minute passe sur les épaules de ta voix de Geneviève Catta (Pierre Turcotte Éditeur)
Mourir d’aimer. La petite mort à aimer l’autre qui part. La trace reste forte, et on continue, malgré cela ; on avance avec son propre cœur. Sur l’implosion de la beauté.
Dans ce premier recueil de poésies, La minute passe sur les épaules de ta voix, Geneviève Catta propose une suite de courts poèmes où elle explore l’émiettement de l’amour et son inépuisable réveil.
–S’inspirer de la matière de Michel Létourneau (Écrits des Forges)
Le poète Michel Létourneau poursuit sa démarche poétique avec un recueil à la fois grave et sobre intitulé S’inspirer de la matière.
Le poète y brosse le portrait d’un monde qu’il examine à la loupe. Il l’interroge avec minutie, le questionne sans relâche au moyen de ses observations fines. Il en fait un portrait précis, qu’il cisèle au scalpel à l’aide d’images donnant la sensation que, d’époque en époque, devant la mort comme à la naissance, tout pourrait se jouer autrement, se faire différemment. Or, écrit-il, chacun choisit de poursuivre selon un tracé prédéterminé qui mène à la perte.
–La révolte des pierres de Nora Atalla (Écrits des Forges)
Dans son plus récent recueil de poésie, intitulé La révolte des pierres, Nora Atalla poursuit la mise en place d’une réflexion détaillée sur l’importance d’élaborer un monde humain plus lumineux, débarrassé de ses facettes les plus sombres.
–Trop d’enfants sur la Terre de Paul Chanel Malenfant (La Grenouillère)
À partir de troublantes scènes d’enfance, entre innocence et violence, Paul Chanel Malenfant accomplit dans Trop d’enfants sur la Terre un parcours réflexif où s’exprime une vision de la condition humaine sollicitée à la fois par la conscience tragique et par un émerveillement sensuel devant la beauté du monde.
–Survivaces de Genevière Rioux (Mémoire d’encrier)
Survivante d’un féminicide, Geneviève Rioux écrit ce recueil de poésie comme une reprise de pouvoir et de liberté. Au fil des poèmes se construit une réflexion sur l’improbable répétition de la violence vécue de mère en fille en des lieux et des temps éloignés. La poète donne voix à la souffrance d’une famille, à celle des ami.es, des proches et des connaissances, toutes et tous victimes de ces violences. Survivaces invite à penser la réparation autrement, non par cet autre qui inflige la violence, mais par ces autres qui apaisent et accompagnent les survivantes
–Atiku utei Le coeur du caribou de Rita Meśtokośho (Mémoire d’encrier)
Atiku utei, « le cœur du caribou », c’est la force d’un peuple et sa grande humilité. Les Innus ont marché à travers les tempêtes de la vie. Ils ont traversé des montagnes pour se nourrir de l’esprit du caribou. Ils puisaient en lui leur force, leur courage, leur savoir. Au son du tambour, l’appel de la forêt aiguise l’instinct.
La poète au cœur du caribou entend la voix de Madiba, Nelson Mandela. Elle entend les tambours jaillir et leur son ressemble à ceux de son peuple. Lui, son cœur, c’est la paix et cette poussière qui soulève le ciel à l’infini. Elle plonge dans la rivière des poèmes, sables neiges libres. Homme frère grand-père la voix de Madiba lui parle.
Atiku utei invoque le pouvoir de guérison du cœur. Le mot liberté n’existe pas en innu-aimun. Le caribou est la liberté.
–L’être à l’enfant de Sophie Brassart (Éditions Tarmac)
Sophie Brassart, poète et peintre, interroge l’éphémère de nos présences en travaillant le geste poétique.
la potence du tronc,
les horloges des hommes
couchées par le vent
– la houle porteuse d’échancrures féroces –
–La femme meurt en juillet de Mélanie Béliveau (Mains libres)
Dans ce recueil, Mélanie Béliveau traite du cancer, de son traitement et des séquelles tant physiques que psychologiques. Sans détour aucun, la poète fait vivre au lecteur le parcours qui va de la chirurgie jusqu’à sa reconquête de la féminité et de la suite des choses. Ce périple est celui d’une femme en particulier, mais il représente également celui de tant d’autres. Tout y est abordé, parfois très délicatement, parfois crûment. Il y est question de l’anesthésie et de la chirurgie, de la conscience embrouillée de la poète quand elle sort des « vapes », de ce qu’elle retient de son expérience des bandages, du drain, du retrait des équipements, des traitements, de l’équipe médicale… Au cours de ce long cheminement, on lit, en poésie, le sentiment d’abandon, ce moment où la vraie bataille commence pour la poète, qui aborde ensuite la période du « foulard », des vêtements amples cachant la poitrine et de tout ce qui domine les premiers jours de convalescence à la maison. Arrive ensuite une certaine révolte.
–Climax de Francis Catalano (Mains libres)
La marche des saisons se poursuit dans le désordre comme si le climat avait brassé les cartes ou si une tornade était passée dans le jeu des relations humaines. Pendant qu’un territoire se campe au cœur d’un couple, que se retrouve l’art d’aimer, un monde fond inexorablement et confond ses propres cycles. On assiste alors à un dialogue entre l’environnement et l’humain, entre les sonorités, les mots, les âges et les générations. Les saisons se croisent, les bouleversements et les joies aussi, tout ça incarné dans un vocabulaire imagé, une langue surprenante, où le plaisir de jongler avec les mots côtoie l’urgence de raconter certaines métamorphoses et ce qu’il y a de beau dans chacun des cycles qui rythment nos vies.
–Atlantique de Célestin de Meeûs (Tétras Lyre)
Atlantique narre l’histoire d’un voyage au gré des vents, en bateau-stop depuis la Bretagne. C’est l’histoire d’un voyage dont la destination importe peu, « soit au nord soit au sud », et dont le moyen finit par dépasser la fin. ô Atlantique j’ai dormi sous tes vents du nord-nord-ouest j’ai vu ton phare cette grande teigne rouge sombrer sur tes eaux tour à tour bleu pourpre ou vert bouteille et ne laisser le ciel qu’à la dérive de ses présages.
–Outre de Pierre Ouellet (Éditions du Passage)
Dans ce nouvel opus, le poète primé Pierre Ouellet se livre à une exploration détaillée de la finitude qui nous guette depuis le premier jour et de la dépossession de l’être. Dans une langue scandée, au rythme envoûtant, qui se déploie au fil des pages sans jamais déroger à une universalité choisie du propos, il s’applique à déconstruire la mort annoncée du sujet. Comment dépasser sa propre fin ? Les mots peuvent-ils nous sauver ? L’écriture renvoie sans cesse le poète à sa finitude, jusqu’à l’apaisement, le renouement avec le soi, ses doubles et ses fantômes.
–La poussière nous cerne parce qu’elle nous ressemble de Virginie Fauve (Lézard amoureux)
À travers une approche tantôt plus narrative, tantôt plus dépouillée, la poésie de Virginie Fauve questionne les assises, tant féministes qu’identitaires, qui teintent sa position ambiguë d’autrice confrontée à son héritage littéraire et à ses propres limites énonciatives. la poussière nous cerne parce qu’elle nous ressemble est divisé en trois parties (« que répondre sans arracher ta bouche des mots », « il faut renverser la toponymie avant qu’elle nous efface du paysage » et « rien de plus qu’une grande fatigue ») qui font défiler les multiples référents qui constituent la poète, mais qu’elle rejoue, détourne, réécrit.
–J’achève mon exil pour un retour tremblant de Natasha Kanapé Fontaine (Prise de parole)
Lauréat du Prix des écrivains francophones d’Amérique, le recueil est une superbe porte d’entrée qui permet de renouer avec l’écriture de Natasha Kanapé Fontaine à ses débuts, une écriture de l’identitaire et de l’intime qui préfigure déjà la démarche militante qui s’affirmera dans ses œuvres subséquentes.
–La constellation du crabe de Monique Adam (Pleine lune)
Livre de deuil, mais aussi livre sur la jubilation de l’enfance, sa force intrinsèque et la beauté inouïe de son regard qui nous accompagne comme une éternelle coda.
L’ordre nécessaire du monde n’existe plus devant le corps souffrant de l’enfant qui devient le lieu d’un haut combat. Chaque jour éloigner l’haleine du drame, de l’absurde et de la mort dans la chambre aseptisée.
Comment taire l’étrangeté de la maladie qui œuvre et qui tue, le quotidien d’une drôle de guerre aux portes de la science impuissante?
–Le programme double de la femme tuée de Carole David (Herbes rouges)
C’est un été ordinaire du XXIe siècle. La canicule écrase Rome, où l’écrivaine pose ses valises. Qu’est-elle venue trouver parmi les foules de touristes, elle, l’Italienne née déracinée en Amérique, qui ne parle la langue qu’avec hésitation? Dans les rues de la capitale, à la gare ou au musée, la vie exubérante côtoie le souvenir de mille tragédies. Rome est le théâtre d’une violence répétée, ce cinéma où l’on s’assoit, agitée, pour assister au programme double de la femme tuée. Au fil de six mois d’errance, la poète parcourt la ville, attentive aux fantômes qui passent. Ce livre pourrait être le compte rendu de sa conversation avec les esprits. C’est un retour sur les lieux du crime, le renouvellement des vœux, un face à face avec un passé qui hante : celui de l’Italie, et aussi l’histoire sanglante des femmes.
-In extremis de Sylvain Turner (TNT)
In extremis est le récit d’une guerre intime que le poète se livre dans des territoires assiégés par des personnages d’extrême déroute, où le langage puise sa plus belle lumière dans les encres les plus sombres.
–Mille soleils de Ricardo Langlois
Les réminiscences de l’enfance, que l’on devine pas toujours facile, de la mère et de la musique sont toujours aussi présentes et illuminent les pages du livre.
Le talent de Ricardo Langlois est entièrement là, il nous fait voyager, entre Hendrix, Dédé Fortin et Nirvana, avec sa foi, jusqu’à cette terre promise, aux mille soleils.
–Musique de Stéfanie Tremblay (La Peuplade)
Fin des années 1990, Stéfanie Tremblay prend des milliers de photographies de la scène punk-rock de Jonquière, une petite ville industrielle. Vingt-cinq ans plus tard, devenue artiste visuelle et autrice, elle propose avec Musique un retour poétique sur ses années de jeunesse et de rage, loin des grands centres, bien avant Facebook. C’est un regard féminin sur une histoire adolescente nord-américaine : le machisme du rock, la violence de la drogue et la tristesse des banlieues, mais aussi les amours immenses, la tendresse infinie et le devenir artiste. Voguant entre les univers de Nan Goldin et de Didier Wampas, la poésie de Stéfanie Tremblay est incisive, drôle, sexuelle et profondément émouvante.
31 Déc 2022 4 Commentaires
dans Poésie
*
Le temps nous dévore crus.
Pour mon anniversaire, hier,
je n’étais que d’un jour plus vieux
bien que j’aie commencé unicellulaire
il y a dix millions d’éternités dans le bourbier de la
vieille ferme.
*
Au bout d’une piste de sable sur les collines basses
des Whetstone Mountains j’ai vu des empreintes de
puma
si fraîches que le sable mouillé gouttait encore
dedans. Je ne sais pourquoi, à genoux,
je me suis pris à les humer, absolument certain
d’être observé par la roche vivante
du vaste paysage troublé par la chaleur.
*
Assurément les poissons n’ont pas inventé l’eau
ni les oiseaux, l’air. Les hommes ont bâti des
maisons
en partie pour la gêne que leur donnent les étoiles,
et élevé leurs enfants sur des insignifiances,
puisqu’ils ont massacré tout dieu au fond d’eux-mêmes.
L’homme politique sur les marches de l’église croît
dans la grandeur même de cette stupidité,
lampe grillée qui jamais n’imagina soleil.
*
Prends garde, ô vagabond, la route marche elle aussi,
dit un jour Rilke à personne en particulier, puisque
partout les bons poètes parlent aux six directions.
Si tu ne veux pas plier, tu es mort. Cassé comme
un spaghetti sec. Ecoute les dieux.
Ils hurlent dans ton oreille de seconde en seconde.
*
*
On ne présente plus Jim Harrison, écorché vif dans un corps de grizzly des montagnes, l’un des plus grands écrivains américains contemporains. On connaît moins le Jim Harrison poète.
Dans Une heure de jour en moins, Jim Harrison, plus virtuose et truculent que jamais, joue avec les formes, les influences et les cultures, rendant au passage un vibrant hommage à ses maîtres, Antonio Machado, René Char et César Vallejo. Grâce à ce recueil réunissant des poèmes inédits écrits entre 1965 et 2010, Harrison, poète contemplatif à la fois mélancolique et brutal, se fait le chantre vagabond et universel de l’Amérique profonde et des vastes étendues sauvages.
31 Déc 2022 3 Commentaires
-Revue Estuaire numéro 187
-La fabrique du noir Virginie Chaloux-Gendron
-Ponctuation forcenée de l’ordre des choses Olivier Bastide
-Exercices de joie Louise Dupré
Que du plaisir.
30 Déc 2022 Poster un commentaire
Une très belle surprise aujourd’hui, reçue par la poste:
Ponctuation forcenée de l’ordre des choses d’Olivier Bastide -Tarmac Éditions.
Très hâte de le lire.
Merci à Jean-Claude Goiri et aux Éditions Tarmac.
E-S-T, ou peut-être pas ?
Est-ce vraiment moi dans ce miroir ? A l’évidence oui, pourtant je me pose la question, comme chacun se la pose inévitablement, un jour, le temps ayant suffisamment été.
Sur le tour de ma bouche, mon grand-père, mais aussi d’autres, tant d’autres. Et le creusement résolu des sentiments au profond du visage.
Tête oubliée depuis moi, surprise au détour des reflets. Reflets me précisant en une altération stricte, intransigeante, dans laquelle je suis et ne suis pas, tout autant.
Format 12 x 21
Dos carré collé
Papier vergé
70 pp.
15 euros
Le lien vers le livre ici:
https://www.tarmaceditions.com/ponctuation
30 Déc 2022 2 Commentaires
dans Poésie
Bonjour à toutes et tous,
aujourd’hui au Questionnaire de P(oés)I(e), nous recevons Denis Morin, impliqué entre autre à Touslèsarts.
Présentation:
Qui suis-je ? Je suis une plume polyvalente, buveur de thé. La poésie (souvent de la biopoésie), la nouvelle, le roman, le conte jeunesse meublent mon imaginaire. On me trouve tant en France qu’au Québec.
1/Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie?
Je trouve le quotidien d’un ennui soporifique avec les contraintes et les obligations. La poésie est une manière de transformer l’ordinaire en extra, d’apprécier la vie autrement. Je fusionne souvent le parcours des autres (artistes et mystiques) en traitant le tout via la poésie. Cela donne quelque chose de minimaliste et de précis. Mon intérêt pour l’histoire, les arts, les lettres est alors comblé.
https://ecrivainpoesiedenismorin.org/blogue/
https://www.adret-webart.fr/catalogue-box-femmes-dans-lart.php
2/Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement?
Mes goûts en lecture vont de Marguerite Duras avec Hiroshima, mon amour à Dominique Fortier qui a écrit Les villes de papier chez Alto.
3/Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi?
Hélène Dorion, Mireille Gagné. La première parce que ses mots sont de l’ordre du ressenti et la deuxième parce qu’elle parle des paysages et du territoire. Ce sont deux orfèvres. Aucun superflu, juste l’essentiel.
4/Quelle est votre dynamique d’écriture?
Je suis très éclaté dans ce que je créée. Je viens de terminer un polar (version manuscrite) et je dois enclencher l’écriture de deux nouvelles (une sur le thème du masculinicide et une très romantique). D’habitude, c’est une réplique, une image ou un défi lancé qui provoque le texte, puis selon les balises et paramètres, ça deviendra un projet de cartes postales multimédia, un poème, une nouvelle ou l’objet d’un roman. La poésie est un sprint, tandis que la prose relève du marathon. Étant assez discipliné.
5/Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations?
Mes derniers recueils remontent à 2015, 2016. Ils concernaient Camille Claudel, Barbara, Rodin, Modigliani, Félix Leclerc, Piaf. Je suis résolument francophile. Plus récemment, j’ai fait paraître en 2022 chez Adret Web Art en France un recueil intitulé Marguerite Duras, les amours-solitudes.
6/Pouvez-vous nous en offrir un ou deux extraits?
Extrait Indochine du recueil sur Duras
«Vaine conquête d’une terre
Et d’une digue
Dont le Pacifique finit par répandre son sel
Pleurs et rage de la mère
Dans ses larmes, miroitement du ciel»
Extrait À la douanier Rousseau du recueil sur Duras
«Ma mère Marie
Appelle mon frère aîné
Son enfant
Pour les deux autres
Moi et mon cadet
Nous sommes deux rejetons
Aux traits à demi français, à demi annamites
Personnages jetés en Cochinchine
Comme perdus, mais libres
Dans une toile à la Douanier Rousseau
Nous jouons sans trop le savoir
La France et ses colonies»
7/Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi?
J’aime beaucoup ces sites deux au Québec et deux en France, tout simplement pour l’intelligence, la sensibilité et leur pertinence.
Geneviève CATTA, https://lesmotslavie.com
Écrire, lire, penser, https://ecrirelirepenser.com
Isabelle DAUDE, https://courirecrireetcrier.wordpress.com
Josette HERSENT, https://josettehersent.wordpress.com
8/Le mot de la fin…
Vive les personnes qui s’expriment par les arts. Elles mettent un baume sur l’existence et projettent de la lumière dans ce monde si souvent troublé.
Voilà, un grand merci Denis d’avoir répondu à ce Questionnaire de P(oés)I(e).
30 Déc 2022 2 Commentaires
Un très beau recueil.
Source: Joëlle Eyraud.
Mourir d’aimer. La petite mort à aimer l’autre qui part. La trace reste forte, et on continue, malgré cela ; on avance avec son propre cœur. Sur l’implosion de la beauté. Dans ce premier recueil de poésies, La minute passe sur les épaules de ta voix, Geneviève Catta propose une suite de courts poèmes où elle explore l’émiettement de l’amour et son inépuisable réveil.
Le lien vers le livre ici: https://www.pierreturcotte.com/post/la-minute-passe-sur-les-%C3%A9paules-de-ta-voix-de-genevi%C3%A8ve-catta
29 Déc 2022 1 commentaire
dans Poésie
*
POUR LES JOURS QUI VIENNENT
pour les jours qui viennent je te donne des heures nouvelles
pour voir sur la grande fenêtre glisser la vraie lumière
des premiers jours d’été
dans cette lumière-là le soleil n’est pas plus grand
qu’un nouveau-né
pour les jours qui viennent je t’offre la force de ma vie sans âge
avec ses rides aux fronts et ses colères d’une seule nuit
ton corps entre mes bras ressemble à des barrages
tu me retiens de déverser dans un grand lit
des vagues de mensonges et de méchants ennuis
pour les jours qui viennent je noue à l’intérieur d’un torchon propre
un morceau de cet après-midi que nous avons passé ensemble
dans une chambre pleine d’ombres et de bouches qui s’aiment
il faudrait savoir tout dire mais parfois
mon amour pour toi
dépasse mes poèmes
pour les jours qui viennent je me couche avec un coeur qui bat
comme un tambour d’armée victorieuse et vivante
il y a des feuilles de menthe et de beaux souvenirs
cachés entre mes draps
pour les jours qui viennent je me souviens
des jours passés les pires et les meilleurs
la vie était douce comme les nuits le sont ailleurs
je te promets une merveille
pour le nouveau jour qui vient
*
C’est arrivé en pleine journée : je ne me souciais plus de rien.
Je me sentais légère. On me parlait toujours de la vie
et de toutes ses possibilités : cela ne m’intéresse pas.
Je déteste qu’on arrache les pétales un par un pour jouer.
Je hais qu’on souffle sur des braises pour lancer un feu
qu’on cherchera vite à contraindre.
J’ai toujours dans le cœur une compassion immense
pour les flammes vacillantes qui refusent d’être éteintes.
*
Des poumons supplémentaires
Ces manques que nous portons en nous
Comme des poumons supplémentaires
Des branchies allumées
Mille ramures d’acier et de chair
Sinon, comment pourrait-il respirer
Le désir qu’on enfouit sous nos terres ?
Dans ton corps il a creusé deux trous
Qu’il a remplis de larmes et de lumière
Ces brèches aux couleurs ambulantes
Par où nous devinons les manques
Ces manques que nous portons en nous
Comme des poumons supplémentaires
Sens-tu cette âme qui suffoque dans les couloirs du sang
Les rochers de la gloire où l’amour se fracasse ?
Tu es ton adversaire
Le monde n’a plus besoin d’innocents
Le monde veut des passions
Un jour nous dormirons dans sa carcasse
Sous des cieux abîmés que secoue
Un dieu qui n’en a rien à faire
De ces manques que nous portons en nous
Comme des poumons supplémentaires
Si tu me cherches encore sache que je suis dans ta vie
Je ne quitte pas tes ornières
Je n’ai pas su ronger
La laisse que tu m’as mise au cou
Ces deux trous dans ton visage ils se ferment la nuit
Je n’ai plus besoin de voir derrière
Pour savoir ces manques que nous portons en nous
Comme des poumons supplémentaires.
*
Cécile Coulon est une romancière, nouvelliste et poétesse française.
À l’âge de 16 ans, elle publie son premier roman intitulé « Le voleur de vie » (2007). Elle passe un baccalauréat option Cinéma. Après des études en hypokhâgne et khâgne à Clermont-Ferrand, elle poursuit des études de Lettres Modernes. En 2016, elle prépare sa thèse dont le sujet est « Le Sport et le corps dans la littérature française contemporaine ».
Son premier recueil de nouvelles, « Sauvages », est paru aux Éditions Revoir en 2008. Elle publiera ensuite « Méfiez-vous des enfants sages » (2010), « Le roi n’a pas sommeil » (2012), prix Mauvais Genres France Culture / Le Nouvel Observateur, « Le rire du grand blessé » (2013), « Le cœur du pélican » (2015).
À 26 ans, elle publie son huitième livre, « Trois saisons d’orage », qui obtient le prix des libraires 2017. Son premier recueil de poèmes « Les Ronces », paru en 2018 au Castor Astral, a reçu le Prix Guillaume-Apollinaire, ainsi que le prix de la Révélation de la poésie de la Société des gens de lettres. La jeune poétesse est alors considérée dans la presse comme « l’une des plus prometteuses nouvelles voix de la littérature française ».
« Une bête au paradis » reçoit, en 2019, le prix littéraire du Monde .
28 Déc 2022 Poster un commentaire
dans Poésie
*
(petit chant de la différence)
je suis absent
voilà pourquoi je manque les rendez-vous avec le présent
avec le bruit
avec la vie
je me demande si le présent a déjà eu lieu
si le bruit est bien vivant
ou si c’est moi qui me suis déjà effacé
pour laisser la place aux aubes
s’étendre jusqu’à l’horizon
aux herbes pousser dans le désert
au silence parler avec le vent
je suis absent
voilà pourquoi personne ne me voit
dans le catalogue des gens comme il faut
qui font des merveilles pour réussir
pour faire des fruits dans leur arbre généalogique
et monter sur l’échelle de likert
je suis absent car je ne fais rien comme il faut
comme toi ou comme tant d’autres
ou alors je fais des bêtises tellement insignifiantes
que je deviens invisible
ainsi je peux passer d’une pièce à l’autre
d’une existence à l’autre
sans que personne ne m’aperçoive
je suis absent
et ça tombe bien
car en ce moment
le présent fiche une pagaille monstre
et je ne voudrais pas figurer dans son tableau de chasse
ni composer avec les chasseurs
la sonate des horreurs
sur le dos des oiseaux
je suis absent
comme toi ou comme tant d’autres
car le temps qui nous lie
aux choses et aux envies
s’est élimé aux entournures
il n’est plus qu’une ficelle
si frêle et pourtant si belle
qu’on peut avoir facilement pour elle
le cou de foudre
*
Les mots sont mes seuls amis, mon équipage dans la tempête de tous les jours.
Je mange avec eux, je ris avec eux, je souffre avec eux, je rame avec eux dans ma galère de survie.
Cependant, depuis que je veille avec eux, le vent du large mord le ciel de notre amitié : ils ont commencé à quitter le navire.
*
Pendant que je trompais ma femme,
entre trois heures et trois heures trente,
avec une nymphette aux cuisses d’écailles,
à l’autre bout du lit, dans la chaleur de la nuit,
elle se laissait séduire par un hippocampe plus entreprenant.
Au réveil, on avait du mal à dissimuler les nageoires
qui nous avaient poussé.
*
le chat
est entré
dans la clepsydre
et le temps
a miaulé
deux fois
depuis
dans le sable
de la litière
les filles de la plage
donnent l’heure de l’amour
avec des moustaches
*
Radu Bata est un travailleur intermittent du mot et de la vie. Avec quelques méfaits livresques dans le compte (édités sous pseudonyme) et «un petit dictionnaire comme bâton de maréchal dans sa giberne», Radu Bata survit dans son «laboratoire de balistique verbale», quelque part entre La Seine et Le Danube. Après des efforts soutenus pour bien tout rater comme il faut, RB touche au but.
Radu Bata a beaucoup œuvré pour la francophonie : professeur de français en Roumanie jusqu’en 1990, il a été officiellement félicité par le lecteur français de Bucarest en 1986 «pour l’enthousiasme et l’ingéniosité déployés au service de la langue et la culture française», ce qui, à l’époque de Ceausescu, ne lui rendait pas service. À partir de 1990, Radu Bata a enseigné en France le français et le journalisme, et a été animateur d’Ateliers d’écriture avec des résultats étonnants : plusieurs prix nationaux pour les étudiants qu’il préparait. RB a publié des poèmes dans les revues Levure Littéraire (Allemagne-France), Paysages Écrits (France), Microbe (Belgique), Respiro (États-Unis), Seine et Danube (France-Roumanie), etc. Quelques-uns ont été traduits en espagnol, anglais, italien et japonais. Il a aussi fait beaucoup de traductions du roumain en français ; les plus récentes ont paru dans Le Persil, journal littéraire suisse et la dernière a été récompensée en mai 2017 par le Prix du Public au Salon du Livre des Balkans, à Paris. Radu Bata est l’inventeur des poésettes (poèmes sans prise de tête), espèce du genre lyrique bricolée pour réconcilier la jeunesse avec la poésie (car ses étudiants ne voulaient pas de «séquence poésie» telle qu’elle est pratiquée dans les manuels et observée dans les rayons des librairies). Cette nouvelle espèce a été saluée et reconnue par de grands spécialistes de la littérature comme Mircea Cartarescu (le plus traduit des écrivains roumains) et Jean-Pierre Longre (universitaire, auteur, fin observateur de la littérature roumaine). 6 livres figurent dans son compte littéraire (les 2 premiers édités sous pseudonyme) : aux éditions ProMots, un « hétéroman », Fausse couche d’ozone, et un conte uchronique, Le Rêve d’étain (nominé, par les lecteurs de la FNAC Grenoble, parmi les 100 plus beaux contes de tous les temps à côté du Petit Prince, d’Alice au pays des merveilles, etc.) ; aux éditions Galimatias, un puzzle travesti en journal, Mine de petits riens sur un lit à baldaquin, et un recueil de poésettes – Le Philtre des nuages et autres ivresses (éd. Galimatias) ; 2 autres recueils ont suivi en roumain : Cod galben cu pestisori rosii (Tracus Arte, Bucarest, 2015), et Descheiat la vise (paru fin 2016) aux éditions Brumar (Tracus Arte et Brumar sont des maisons d’édition de poésie renommées en Roumanie). Les poésettes de Radu Bata ont déjà rencontré un certain succès : le recueil Le Philtre des nuages et autres ivresses est lauréat du prix du Salon du Livre des Balkans (Paris, 2015), tirage de 500 exemplaires épuisé, invitations dans les milieux étudiants, au mythique Club des Poètes et à «On vous sert un vers» à Paris, salons, rencontres, exposition de peintures (Paris, février 2016 et avril 2017) à partir de ses textes, chansons composées sur des poésettes, un «Parcours Poétique» qui a accompagné l’exposition d’artistes français et roumains «Fluides», etc. Début 2018, paraîtront 2 autres volumes griffés Radu Bata : le recueil Survivre malgré le bonheur chez Jacques André Éditeur (en janvier) et L’imperceptible déclic du miroir (aux éditions Charmides, au mois de mars) 78 poèmes qu’il a traduits du roumain, de Paul Vinicius. D’ici là, il apportera sa pierre à l’édifice d’une «Anthologie de poètes roumains» et à un livre d’art, «Impressions satiriques» de Doru Florian Crihana.
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