Christophe Condello – Entre l’être et l’oubli – Poésie – Pierre Turcotte éditeur – Article par Daniel Guénette

Un immense merci à Daniel Guénette pour ce bel article, Daniel qui est poète, écrivain, critique et ardent amoureux et défenseur de la littérature québécoise.

Le lien vers l’article ici: https://4476.home.blog/2023/01/27/christophe-condello-entre-letre-et-loubli-poesie-pierre-turcotte-editeur-2021-76-pages/#respond


Une réflexion sur « Christophe Condello : Entre l’être et l’oubli : Poésie : Pierre Turcotte éditeur : 2021 : 76 pages »

Le propre des nouvelles maisons d’édition est de souvent faire entendre de nouvelles voix. La maison de Pierre Turcotte n’est pas nouvelle en soi, mais elle l’est pour moi, sans doute également pour d’autres qui grâce à elle découvrent depuis quelque temps ou découvriront sous peu de nouveaux écrivains ou des écrivains à tout le moins qu’ils ne connaissent pas. Christophe Condello n’est pas le premier venu. Il publie des ouvrages de poésie depuis plus de vingt ans. Il a fait paraître des recueils au Noroît, au Loup de gouttière, aux Éditions du Cygne ainsi que chez Éclats d’encre. Son implication dans le domaine de la poésie d’ici et d’ailleurs est impressionnant. Pour s’en faire une idée, on jettera un coup d’œil à son blogue poétique : htpp://christophecondello.wordpress.com/  

Si Condello sert si bien les œuvres de ses pairs, son apport à la poésie serait tout de même appréciable lors même qu’il se limiterait à ses propres œuvres. Entre l’être et l’oubli est un recueil où le poète donne, me semble-t-il, sa pleine mesure, non qu’il nous en mette plein la vue ; au contraire, son art est d’une grande sobriété, tout en finesse, éloigné du bruit et de la fureur, proche du murmure et de la méditation.

Lire ce recueil, c’est accompagner le poète dans sa quête toute spirituelle, quoique incarnée profondément dans la matière du monde réel, dans l’espace physique où le voici en marche. Telle est la figure, la métaphore filée de la traversée, des pas avançant sur le sentier. Laissant des empreintes comme le suggère le titre de la première partie du recueil, qui en compte deux : « Empreinte ». Il s’agit ici de la nôtre, de l’empreinte que nous laissons à l’occasion de notre passage sur la Terre, mais il s’agit également de celle de nos ancêtres immémoriaux.

Autant le mentionner immédiatement, les poèmes de Condello laissent toute la place à la collectivité, à l’humanité tout entière et non pas à sa seule personne. Autrement dit, Condello ne parle pas de lui, il nous parle plutôt de nous, de notre aventure humaine, laquelle aventure dans le cosmos englobe l’ensemble du vivant, ne serait-ce qu’en raison des liens unissant entre eux les êtres animés et la matière physique où ils évoluent. Le poète pour autant n’est pas absent de son œuvre, il y figure en tant que conscience à même de fixer des constats et surtout d’interroger le sens de notre démarche.

Pas de « je », mais en priorité la première personne du pluriel, celle qui justement ouvre la marche du recueil. Voici son tout premier poème.

Nous sommes venus
dans ce pays
comme un caillou qui ricoche
sur l’eau illuminée
d’un lac sous la lune

les yeux ouverts
à l’espérance

le souffle inspiré

en quête de notre histoire

avant de nous immerger
lentement
au plus profond du cœur
immense
de l’autre

Tout commence ici par une migration. On pourrait croire que le poète, usant du pluriel de majesté, étant animé par une humilité le prédisposant à éviter le « je », évoque sa propre histoire. Lui qui est né à Grenoble est venu vivre au Québec. Une telle interprétation serait pertinente, mais à mon sens elle serait limitative. Il convient de l’élargir à tous ceux et celles qui ont fait de même, qui ont quitté leur pays d’origine afin de venir vivre ici « dans ce pays » qui est le nôtre, le Québec, lequel les aurait accueillis avec bienveillance « au plus profond [de son] cœur / immense ». Cette seconde interprétation me semble plus pertinente, mais elle ne me convainc pas tout à fait. La suite du recueil incite à penser que l’interprétation la plus juste doit élargir davantage la portée de ce poème, donnant alors un sens quasi métaphysique à la migration dont parle Condello tout au long de son recueil. Le pays dont parle le poète est en quelque sorte un avant-pays, un avant-poste, un espace d’où prendre son élan afin de rejoindre, en poursuivant notre marche, cet autre lieu qui est celui d’une utopie advenue à elle-même. Dans le poème qui suit, le poète précise que l’objet de la quête n’est rien moins que le soleil. Plus loin, il affirme que « chaque pas / nous rapproche / de la fin et d’un avènement » qui, si je comprends bien, coïncidera avec ce lieu bien ancien dont nous fûmes exclus, celui où règne « la chaleur / ensevelie de l’enfance ».

À toute affirmation correspond un refus. Qui appelle le bleu du ciel cherche à « fuir les ombres / des ruelles et des âmes ». Le poète écrit : « nous ne voulons plus / nous habiller / de parures et d’illusions ». Hélas ! « nous faisons si peu / de lueur / sous ce ciel ».

Ce recueil où à maintes reprises s’interroge le poète (« Que restera-t-il / de ce qui nous manque ») marque des avancées dans la lumière. Il y est question des « sentiers touffus / qui nous mènent // dans l’absolu ». Le trajet ne correspond pas à une simple randonnée, à une innocente balade à travers une campagne toute sereine. Lisons ceci :

Un visage
d’intempérie
s’efface
sous les flots

descend
dans son propre vide
au risque
de ne pas revenir

pourquoi
le vertige et la lumière

dans nos yeux
referaient-ils surface

Le périple que nous accomplissons avec le poète ne se fait pas sans reculs, sans pertes de ce qui au fil du temps s’acquière pour aussitôt se déliter. De toutes parts menacent les gouffres. Néanmoins, une espérance nous garde vivants. Nous sommes en marche, notre but est « un lieu qui inaugure » ; la lumière qui nous inondera sera celle d’« une aube unitaire / qui n’a pas de couchant ».

Maints poèmes du recueil me font songer à la démarche d’un Fernand Ouellette. Ce n’est pas peu dire. Je songe au propos de Condello, à cette espérance dont il a été question plus haut, et notamment à des vers comme les suivants : « révélant la lumière / matinale / des anges », « des ailes / redessinent nos épaules ». Par ailleurs, le « bleu », qui est chez Ouellette davantage qu’une simple image, se retrouve aussi chez Condello. Avec une même ferveur. Ce rapprochement, me semble-t-il, est tout à l’honneur de l’auteur d’Entre l’être et l’oubli.

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Auteur : Daniel Guénette

Écrivain québécois. Publie ouvrages de poésie (dont Varia au Noroît) et romans (Dédé blanc-bec, etc. à La Grenouillère). Ai enseigné la littérature au niveau collégial. À la retraite depuis 2011. Me consacre à des lectures dont je rends compte sur mon blogue : Blog de Dédé blanc-bec : 4476:HOME:BOLG Notice biographique (voir L’Île : litterature.org) Daniel Guénette est né le 21 mai 1952. Il est originaire de Montréal. Il a vécu son enfance et la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il produit alors deux recueils de poésie (Traité de l’Incertain en 2013, Carmen quadratum en 2016) et un récit (L’École des Chiens, en 2015). Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article très élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2013 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée de manière positive par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier, sur Blogues Église catholique à Montréal : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l’évocation de l’ami fidèle nous servira de guide. »). Dominic Tardif, dans le Devoir, 4 juillet 2015, a rendu compte chaleureusement de ce récit. Il a souligné qu’avec ce dernier, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, ce récit a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On peut lire ses plus récentes recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique.

Le lien vers le livre: https://www.amazon.ca/-/fr/Christophe-Condello/dp/B097XSPFLB/ref=sr_1_1?__mk_fr_CA=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=3DPH7U5JYX8SQ&keywords=christophe+condello&qid=1674905833&sprefix=christophe+condello%2Caps%2C342&sr=8-1

Jean-Marc Lefebvre

*

Déjà tu reparles

autrement

cette vie ce sable

l’empreinte d’un passage

en solitude

comme en terre étrangère

*

tout ce qui traîne est recouvert

même le vol des oiseaux

disparaît sous la clarté

j’entends les enfants rire

soulever la beauté du chemin

quelques pelletées légères

suffisent à la joie

le corps se fait poème

*

la musique s’est arrêtée

j’écris des phrases

j’efface les phrases

ne conserve que leur trace

ce qui attend

tisse un émoi

diffuse, une lueur

attise l’espoir

le monde resplendit

il neige

je reviens du silence

cette blancheur au creux des branches

adoucit la tragédie des frênes

*

Né en 1954 à Montréal, Jean-Marc Lefebvre travaille entre autres comme artisan relieur et poète depuis 1991. AU NOROÎT, il a publié Les ombres lasses (2005), La tentation des armures (2001 : finaliste au Prix des Terrasses Saint-Sulpice) et Le chemin des vocables (collection « Initiale », 1997).

Vœux d’anniversaire – Remerciements

Bonsoir à toutes et tous,

je tiens chaleureusement à remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de me souhaiter un joyeux anniversaire.

Que ce soit par téléphone, par courriel, par Messenger ou sur Facebook.

Du fond du coeur, MERCI!

Une mention spéciale à:

Billy Nzalampangi Ngituka, c’est gentil et vraiment très original.

*

*

*

Raynald Boucher, toujours tellement généreux mon ami.

Cher Christophe Condello

En ce jour d’anniversaire

Une radieuse journée

Comme seule l’hiver

A le pouvoir de t’en offrir!

Pour ton plaisir

Qu’elle soit palpitante

Sertie du feu de ta passion

Envers la vie que tu apprécies

Et que cette belle humanité

Qui te décrit si bien

Brilles-en de chaudes couleurs

Celles du cœur aimant

Comme un bouquet garni

Des fleurs de l’amitié

Et du bonheur de l’amour

De tes proches, des gens

Qui t’aiment et t’apprécient!

Amitié fraternelle Raynald

Raynald Boucher 27 janvier 2023. ⭐️❤️🌹Gratitude.

Ricardo Langlois mon proche ami si sincère.

Bonne fête Christophe Condello , je suis privilégié de t’avoir comme ami je l’avoue tu fais parti des personnes les plus importantes de ma vie… Dès notre première rencontre merci pour ta patience envers moi

Longue vie à tes projets 🙏💟

Daniel Guénette, écrivain, poète, ancien professeur, émérite critique et fervent amoureux de la littérature québécoise.

Christophe Condello. Ce nom me dit quelque chose. N’êtes-vous pas un poète ? Si oui, êtes-vous l’auteur de « Entre l’être et l’oubli » ? Je viens tut juste de relire ce recueil. Oui, je dis bien relire. Un recueil, je ne vous l’apprends pas, ça ne se lit pas qu’une seule fois. Surtout quand il est bon. Enfin ! Cher monsieur, je vous offre mes meilleurs vœux. Je me permets même de vous tutoyer. Cher Christophe, bon anniversaire. Je me demande bien quel cadeau je pourrais t’offrir aujourd’hui. Peut-être un article sur ton recueil. Va, je m’empresse de le rédiger : tu le verras sous peu apparaître sur le blogue de Dédé blanc-bec.

Le lien vers l’article ici: https://4476.home.blog/2023/01/27/christophe-condello-entre-letre-et-loubli-poesie-pierre-turcotte-editeur-2021-76-pages/#like-1039

Luc Quintal, qui fait un travail colossal pour mettre en valeur et garder dans la lumière nos artistes d’ici.

Joyeux anniversaire à Christophe Condello, poète, haïkiste et pacifiste, né à Grenoble un 27 janvier. Il vit maintenant à Laval. Il a siégé sur le conseil d’administration de la Société littéraire de Laval. Il a été membre de divers jurys : Conseil des Arts et des Lettres du Québec pour les bourses aux écrivains, Prix de poésie intercollégial, ainsi que pour l’attribution du Prix Jacqueline Déry-Mochon.

Il est membre de l’U.E.R.A. (Union des écrivains de Rhône-Alpes), de Poètes du monde, du Jury intercollégial de poésie et ancien responsable de la poésie de la revue Brèves littéraires. Il est apparu dans la 6ème anthologie de la poésie de Jacques Basse et au Tour du monde de 24h en poésie (2021). Il anime aussi un blogue poétique : https://christophecondello.wordpress.com/

Christophe Condello a publié quatre recueils de poésie : Les jours fragiles aux Éditions du Noroît, L’ailleurs éparpillé au Loup de gouttière, La seconde résurrection aux Éditions du Cygne et Le jour qui s’attarde chez Éclats d’encre. Il a publié dans de nombreuses revues : Recours au poème, Parole dans le monde, Exit, Trois, Moébius, N4728, Contemporary Verse 2, RALM, Les cahiers de poésie, Brèves littéraires, Ancrages, Alter texto, Poètes contre la guerre, les éditions Mélonic, CroûtOthon, Florilège 2007 SOC & FOC, Le capital des mots, le journal Métro, Le livre d’or pour la paix, Mondes francophones, Terra Nova, Les Adex, Une étape dans la clairière, Plexus S, Point barre, Mouvances, Ploc, Francopolis, Manoir des poètes, Best Poems, Neiges, Landes, Cité des mots, Entrevous, Lichen, Terre à ciel, Recours aux poèmes et Alcôves.

Chaleureuses salutations cher Christophe Condello, longue vie !

Merci à vous tous pour vos merveilleux témoignages, bonne soirée et vive la poévie!

Du fond de mon garde-robe – Leslie Piché

Carnet mondain sur invitation…

Vous en apprendrez des choses…

Du Fond de mon garde-robe samedi 28 janvier 2023, 0h dimanche 29 janvier 2023, 9h et mercredi 01 février,18h.

Tenue de ville ou de gala si vous le souhaitez…sur progcoreradio.com Même Denis Champagne y sera !

Leslie Piché

Ann Lauterbach

*

Cette trace, si elle existe, est une aumône pour le délire.
Une arche se déroule du sol
parfumé avec le parfum d'une tapisserie, logé ici.
Je me souviens de l'heure mais pas de son passage
à moins que le rêve ne le capture et ne l'attache au sommeil :
un gros groom sourit, me montre la tour
où je peux assister au départ.
Mais certains jours s'arrangent pour que rien
traverse l'horizon; regarde comme je veux, pas d'étoile
aiguilles l'air. Maintenant je suis parti
à l'orée d'une forêt cernée par les blés
où les arbres dodus cachent l'image, sa symétrie
tirées et soufflées sur le sol comme des plumes.
La licorne, le graal, les ailes bleues et rouges
de musiciens agenouillés, ceux-ci sont brodés
autre part. La persévérance a été couronnée.
L'espoir et la pitié ont prié pour le succès.
Quelle est la vitesse de cette caméra ? Peut-il enregistrer une trace ?
Il y avait un voyage. Quatre chevaux montés
souche contre les siècles.
A chacun est attribué : la poussière soulevée, la fumée, le plumage.

*

1.

Quelqu’un joue
& les montures de rupture.
Matière première pour dignité à venir;
indéchiffrable, discret.
Pièces
rhapsodies alors que l’air se refroidit
et vainc : rien n’est encore immobile.
La terre est le résultat de son utilisation, ai-je expliqué.
Tout le reste reposait pendant que les enfants fabriquaient une ceinture
retirée de la syntaxe classique. Cabanon, et
quelque chose se casse, monte
la petite colline à sa vue : j’ai vu
une corde d’arbres dans un autre pays.
Je ne pourrais pas dire que je suis perdu de la bonne manière.
La saison est énorme.
Cette maison est hantée : je l’ai plantée.
Où? Dans le hangar, et
gâté par l’attention. Vous voyez?
Chaque pulsation compte, quand le matin s’affiche
le rapport sérieux des étoiles données.
Qu’est-ce qui nous a fait déchirer les heures en lignes?
Alors les choses sont devenues un fardeau à jeter, et
astucieux comme un pèlerin affamé
mais pas courageux, pas expert.
Il est impoli de regarder.


2.

Ils tambourinaient et tambourinaient, attachés à un vestige
clameur. La chaleur s’est propagée; cierges magiques
ravi le brouillard.

Le matin ramena les morts au rivage;
les navires ennemis ont échoué et ont été oubliés.
Pourtant, rien n’a été apaisé:
la silhouette vivante a dérivé dans la vue
comme une voile éphémère favorisant l’aisance
entre les épaves.
Ne pas parler un mot d’anglais
elle a animé le paysage
avec abondance, un moi choisi
vif traduit dans la couleur de ses yeux.
Maladroit et lumineux, un charme guindé
séparer la figure du sol et la résoudre.
Ce qui a poussé vers l’abîme
avec des appréciations aussi nouvelles, un intérêt aussi sûr?
La fille muette avait vu des gloires
mais qu’avait-elle appris?
Une figure finie dans un champ pluvieux.
Une figure nue dans une piscine.
Un personnage qui sautille sur un pont.
Une figure perdue dans une rue de la ville.
Une silhouette gémissante sur un immense lit.
Un visage souriant sur une photo.
Tout l’été, j’ai fait le tour du jardin pour elle.

*

Ann Lauterbach a publié plusieurs recueils de poésie, dont Many Times, but Then (1979), Before Recollection (1987), Clamor (1991), And for Example (1994), On a Stair (1997), If in Time (2001), Hum (2005) et Or to Begin Again (2009), finaliste du National Book Award. If in time, un de ses recueils de poésie, démontre la transformation de son style sur trois décennies, une évolution décrite par Thomas Fink dans la Boston Review: « Lauterbach a trouvé de nouvelles formes pour exprimer la continuité du changement: ses manières de convoquer et de perturber l’intimité, d’évoquer et de subvertir la position des perceptions et le jeu de cadrage et de décentrement du langage lui-même.

Lauterbach est née à New York, fille d’un correspondant de guerre pour les magazines Life and Time à Moscou, qui était également à la tête du Bureau du Time de Moscou pendant la Seconde Guerre mondiale. Le père de Lauterbach est décédé en 1950, alors qu’Ann était encore enfant; cette absence et ses absences en voyage figureront plus tard dans sa poésie. Enfant, Lauterbach étudie la peinture et s’intéresse particulièrement à l’expressionnisme abstrait. Après avoir obtenu un BA en anglais à l’Université du Wisconsin-Madison en 1964, elle a fréquenté l’Université de Columbia pendant un an dans le cadre d’une bourse d’études supérieures Woodrow Wilson. À la fin de ses études, Lauterbach a déménagé à Londres, en Angleterre, où elle a édité des livres et enseigné la littérature. En 1974, elle retourne aux États-Unis et s’immerge dans le monde de l’art, travaillant comme consultante en art et assistante à la direction de diverses galeries d’art.

L’œuvre sensible et complexe sur le plan linguistique de Lauterbach a été comparée à la poésie de John Ashbery et de Barbara Guest. «Il suffit de dire qu’elle souhaite évidemment que nous expérimentions d’abord la forme de son travail, que nous ressentions ses formes avant de façonner un sens», a noté le critique Andrew. Osborn des poèmes dans On a Stair. Lauterbach semble être d’accord avec cette évaluation. Dans une interview de Rain Taxi, elle a déclaré : «Je suis beaucoup plus intéressée par un type plus difficile de création de sens, et je veux dire difficile dans le sens de la complexité et de l’obscurité, mais pas de l’obscurité volontaire, juste le fait qu’il y a certaines choses que nous ne pouvons pas pénétrer et que nous ne connaissons pas, nous ne pouvons pas savoir, nous ne le saurons peut-être jamais ». Dans un essai pour la Poetry Society of America, elle a ensuite discuté des disjonctions dans son travail: «J’ai commencé à abandonner l’utilisation de la syntaxe classique, la logique de cause à effet, d’une relation assumée entre sujet et objet, après que ma sœur décédés. Le récit comme récit avait été rompu une fois pour toutes; Je voulais que les lacunes se voient. Dans Ou pour recommencer, Lauterbach continue d’étudier le potentiel de la narration et de la rupture, ainsi que les différences entre le langage parlé et écrit ; tirant son titre d’une élégie de seize poèmes, le livre contient également le long poème « Alice in the Wasteland », qui utilise à la fois le travail de Lewis Carroll et de T.S. Eliot pour explorer le langage, la lecture et la conscience.















Poèmes en hommage à Jean-Marc La Frenière -Raynald Boucher et Christophe Condello

Voici un poème de Raynnald Boucher et trois de mes poèmes dédiés et inspirés de la poésie de Jean-Marc La Frenière.

Né au Québec dans la vallée du Richelieu, Jean-Marc La Frenière, poète de rue, a d’abord distribué sa poésie par l’intermédiaire des itinérants. Puis, sur le Net, il a participé à des groupes d’écriture collective « Préfaces » et « Passages ». Il a ensuite été publié en revues. Ses livres ont été publiés par les Éditions Chemins de Plume en France.

Jean-Marc La Frenière est décédé au Québec le 05 janvier 2023.

*

Quand t’as 

Que les ombres

En tes poches vides

Où s’en va la misère

Quand le soir tombe

Loin de chez toi

Où s’en va ton cœur

Quand y neige de froid

Loi du cœur

Du monde 

Heureusement

Qu’il y en a

Du bon monde 

Des fois

Qui te regarde

Tout droit

Et te demande 

Comment ça va? 

Raynald Boucher

*

Où va le poème

comme ce sourire gravé

sur nos écorces

tombé dans le puits sans fond

de notre aveuglement

en rappel nous descendons

dans un espace provisoire

nous revenons

sur ce que nous n’avons jamais dit

qu’à voix basse

une feuille de papier résiste

encore à son silence


la parole que l’on rencontre

sans la chercher

veille toujours

tapie dans nos pénombres

Christophe Condello

*

Je

questionne le vide

les yeux pleins des soleils

de ton absence

les bras tatoués de pluie

quand

je ne suis plus

dans tes silences

abandonnés

au vertige de l’horizon

toute une vie

repartie

à l’abordage

Christophe Condello

*

Trop souvent nos corps

ne nous contentent plus

nous n’avons alors d’autres choix

que d’en essayer quelques autres

Christophe Condello

27/01/2023

*

Communiqué du secrétariat de Toulèsarts

 
Bonjour à tous et à toutes,
Nous avons le plaisir de vous annoncer les publications de deux livres des autrices : Ginette Bernard St-Pierre aux Éditions Le Baladin, et de Pauline Lapointe-Chiragh aux Éditions Héritage du cœur.
Bravo à nos autrices pour cet accomplissement!
Le secrétariat de Touslèsarts

Questionnaire de PI: Francis Gonnet

Bonjour,

aujourd’hui pour notre questionnaire de P(oés)I(e), nous avons le grand plaisir d’accueillir Francis Gonnet.

Présentation:

Né en 1959 à Paris, habite en Normandie. Biologiste, Il est à la fois peintre et poète. Il collabore à la rédaction de la revue Poésie Première, et participe à plusieurs autres revues (concerto pour marée, Ecrits du Nord, lichen, Saraswati…) et anthologies de poésie (Spf, Anthologie 2020 Ed du cygne…). Il a publié plusieurs recueils : « Argile de l’aube » en 2017, et « Clarté naissante » en 2020, « Promesse du jour » en 2021 aux Ed Alcyone et récemment  «  Sang de nos racines » aux Ed du cygne, Sept 2022.. .Sociétaire des poètes français.

1/Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie?

Dès mon plus jeune âge, j’ai été attiré par ce que la nature dégageait de poétique. Ces lieux de rêve et d’évasion. Mes premières lectures poétiques furent celles de Baudelaire et Rimbaud.  

Puis mon goût pour la poésie, s’est développé à mon adolescence, grâce à mon père, le poète Roger GONNET, en lisant ses recueils et en participant, à la fin des années 70, aux rencontres de l’association de la SAPE ( société des amis de la poésie de l’Essonne ),  qui accueillait de nombreux poètes Roger Caillois, Guillevic, Jean Rousselot, Luc Bérimont et bien d’autres. J’ai pu également assister à des récitals de poésie à Paris et au club des poètes de Jean Pierre Rosnay, j’ai ainsi écouter Pierre Emmanuel, Jean Claude Renard dire leurs poèmes… Dans les années 80, j’ai assisté aux prémices de l’association de poésie « Jalon » initié par Jean Paul Mestas, devenu ensuite « Art et Jalon » où j’ai eu la chance de rencontrer, entre autres, Andrée Chedid et publier mes premiers poèmes. J’ai découvert, plus tard,  la poésie de Rilke, Char, St John perse, Bonnefoy, Guillevic…

2/Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement? 

J’aime particulièrement «  Dans la chaleur vacante » d’André Du Bouchet. Par la beauté et le choix exigeant des mots,  le poète nous laisse errer dans des paysages montagneux, où l’on trouve une grande force intérieure.  

3/Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi?

J’irais, si vous le permettez, jusqu’à trois poètes qui me côtoient : François Cheng, Guillevic et André Du Bouchet. Même si ces auteurs sont différents, tous trois répondent à ce que je recherche en poésie : Emotion et Profondeur. En J’y trouve, à la fois, la concision des vers, qui en quelques mots, vont à l’essentiel, la musicalité des poèmes, qui,  lus à haute voix, ont la beauté d’un chant, mais aussi la dimension humaine qui amène à nous élever.

4/Quelle est votre dynamique d’écriture?

J’attache de l’importance aux mots, à la fois, à leur beauté et à leur justesse. Ma poésie part souvent d’un mot qui me parle,  par sa musique et son sens. A partir de ce mot, je bâtis un vers, que je garde souvent en note, et que je reprends plus tard.  Je cherche à élaguer le plus possible les poèmes, pour ne garder que l’essentiel et créer une émotion. Ne garder que la colonne vertébrale et laisser le lecteur y ajouter son regard. Je suis sensible à la disposition du poème sur la page, cherchant à réponde à une certaine esthétique.  

5/Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations?

J’ai publié, à l’automne 2022, «  Sang de nos racines » aux Editions du Cygne. Ce recueil, met en lumière, l’importance des racines pour nous construire, jusqu’à l’envol. Il aborde l’enfance comme socle essentiel sur lequel on s’élève, Les racines qui se développent par le lien aux autres, mais aussi la difficulté du déracinement. Il donne une vision d’espérance car « il arrive à la nuit d’inventer des couleurs qui nous permettent d’entrevoir les racines du jour ».  

6/Pouvez-vous nous en offrir un ou deux extraits?

A l’extrême des hivers,

même si toute présence devient intouchable, 

ne meurt, le vert des cyprès,

demeurent, racines chaudes de tes mains.

                                                                                                                                      Racines dénudées,

                                                                                                               je reste sur la pointe des pieds,

                                                                                                                                     à hauteur de terre,

                                                                                                         les ailes tendues, aspiré par le ciel.

D’un souffle de terre, la neige refleurit,

la lumière redonne vie au bois mort.

7/Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi? 

Je mettrais en lumière le site «  Poésie Première » qui met en avant, les différents thèmes de la revue et qui éclaire l’actualité en poésie.

Il met en lien avec de nombreux autres sites.

8/Le mot de la fin

Pour moi la poésie, quelle qu’en soit sa forme, doit procurer une émotion, toucher à l’âme.

Voilà, un grand merci Francis pour vos réponses éclairées, et je vous souhaite tout le succès que vous méritez.

Jila Mossaed

Source: La Bouche à Oreilles.

Le lien vers le site: https://laboucheaoreilles.wordpress.com/

*

Cette nuit je n’ai pas attendu

que les rêves viennent à moi

Je suis allée de moi-même vers eux

ai frappé

J’ai pris le temps pour manteau

Et j’ai quitté les lieux

J’ai tournoyé autour d’un point

qui m’attirait à lui

Ai entendu ma propre voix

qui me suivait dans l’air

Je savais qu’un nouvel alphabet était sur le point de naître.

*

Ils étaient silencieux
La montagne que j’ai cachée dans ma valise
La mer que j’ai emportée avec moi
sous mon sein gauche
Et le rossignol
dans mes rêves

Ils reprennent vie
Nous campons ici
au-delà du passé
Bien loin de nos vagues
dans le ventre vide du présent

Nous créons un pays
au-delà de toutes les frontières
Racontons les histoires
que maman racontait
au cours des nuits sombres

*

Je vais chercher la valise
qui a longtemps attendu
dans le coin de l’angoisse

Je la place au milieu de la pièce
bouche ouverte
Entreprends de la remplir

Quelqu’un nous attend-il
Est-ce que tout sera comme avant
Reste-t-il quelque chose
de ce que nous avons laissé

Moi et la valise
nous avons répété cette scène
tellement de fois
pour les rideaux silencieux et les murs en larmes
Plus tard nous nous endormons toujours
au fond de nos rêves réciproques

*

Une corbeille à la main
elle sortait chaque matin
de l’ombre rouge du cerisier

On jouait dans le corps asséché de la rivière
Nous ramassions des petits cailloux
faisions semblant d’être sourdes
quand les bombes explosaient

Je me créais un abri
au plus profond de moi
Déconnectais tous mes nerfs
mes sens
Entrais dans un autre monde
Parfois j’étais partie plusieurs minutes

Maintenant j’ai l’impression
d’avoir vécu
une autre vie
Celle d’une autre
qui n’a pas voulu me suivre ici

*

Jila Mossaed est née à Téhéran en 1948. Elle publie ses premiers poèmes à l’âge de 17 ans. Suite à la prise de pouvoir par Khomeini en 1979, elle trouve refuge en Suède. Elle écrit en suédois depuis 1997 et entre à l’académie suédoise en 2018. « Chaque langue qui me donne la liberté de m’exprimer contre l’injustice est la langue de mon cœur » dit-elle à propos de son œuvre poétique où l’exil occupe une place essentielle.

Citation de Camille Readman Prud’homme

tu rencontres la netteté des horizons

Camille Readman Prud’homme

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