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La main
Mon présent oscille,
Ébranlé gravement par ton absence
Qui a des agissements de foudre.
Le soleil nous relie-t-il toujours
Ainsi qu’il embrasait notre union?
J’ignore si le puits que j’habite
T’est vraiment accessible.
Si peu de lumière me soutient
Depuis ton infini, et néanmoins
Je sens que tu me tends la main.
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Le nouveau recueil de Fernand Ouellette, Vers l’embellie, regroupe quelques 150 poèmes.
Les textes oscillent, avec concision, entre hommage, reflexion et douleur Ici, je respire à peine, suite au départ de son épouse.
L’hymne à l’aimée est vibrant et lumineux.
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Le temps s’est livré à la déchirure
Entre deux fragments,
…
À la périphérie
Reprends le cours
De tout ce qui s’éveille
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Le poète évoque avec pudeur et profondeur soixante ans d’union conjugale, apprivoisant la solitude le soleil nous relie-t-il toujours et le manque de sa chère Lisette, compagne fidèle de tant d’années de vie commune.
Le recueil est empreint de mysticisme et s’ouvre sur des retrouvailles probables et espérées.
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Une pensée océane
Bruyante d’oiseaux plongeurs,
Face au siècle compressible
Qui a déjà inventé ma fin, mon silence.
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Ce livre d’une grande profondeur, où l’absente demeure un élément du quotidien, quel qu’il soit, est un hymne à l’amour éternel et un cantique d’espoir la poésie porte l’âme.
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Le coeur se compresse
Dans un creux d’être et de nuit.
Est-ce cela, maintenant,
La voie du vivre ?
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La spiritualité que nous connaissons au poète émerge à chaque page de ce recueil , nous illumine et une présentation de Daniel Guénette nous laisse croire que ce pourrait bien être son dernier.
L’ode à la vie y est omniprésente et majestueuse.
Du grand Fernand Ouellette, poète québécois majeur, comme toujours.
Nous nous délectons de chaque phrase, de chaque mot, tant la précision des poèmes est phénoménale.
Où comment la littérature surpasse et sublime à la fois le quotidien et la réalité.
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Laisse ta musique même inaudible
S’accorder à mon souffle.
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Après La Châtaigneraie de Daniel Guénette concernant Gérald Tougas, Vers l’embellie est un autre superbe livre hommage (à titre posthume) chez Les Éditions De la Grenouillère.
Nota bene de Daniel Guénette:
Ce dernier recueil de Fernand Ouellette est tout simplement magnifique. Il contient de courts poèmes tous plus beaux les uns que les autres.
En proie à des sentiments de relative impuissance, le poète en vient néanmoins à dépasser sa misérable condition d’endeuillé. Puisant à même les ressources spirituelles que lui procure l’espérance, d’allègement en allègement, il s’élève au-dessus de lui-même. Appelé à devenir bientôt une âme dégagée de toute forme d’entraves physiques, il aspire au moment où il échappera enfin à la matière. Il laissera derrière lui ses proches et ses amis. Ce sera pour retrouver dans l’Or du Levant ses morts bien-aimés. À sa rencontre viendra celle qui fut son épouse. Il ne vit plus désormais que dans l’expectative de ces retrouvailles.
Lancement officiel:
Mardi 21 février
Atelier-librairie LE LIVRE VOYAGEUR lors d’un 5 à 7.
2319 rue Bélanger, Montréal.

- Auteur(s): Ouellette, Fernand
- Éditeur: Grenouillère inc. (De La)
- Format: Broché
- En librairie le 21 février 2023
- Prix: 28,95 $
- EAN: 9782924758830
Le lien vers le livre: https://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=3906131&def=Vers+l%27embellie%2cOUELLETTE%2c+FERNAND%2c9782924758830
Fernand Ouellette, écrivain (Montréal, 24 septembre 1930). Un des intellectuels les plus actifs de sa génération. Cofondateur et membre du comité de rédaction de LIBERTÉ, en 1959, il crée avec Jean-Guy Pilon la Rencontre québécoise internationale des écrivains.
Membre de la Commission d’enquête sur l’enseignement des arts au Québec (1966-1968), réalisateur d’émissions culturelles à Radio-Canada, il est écrivain en résidence ou professeur invité dans plusieurs universités.
Ses recueils de poésie, publiés aux Éditions de l’Hexagone, notamment Ces anges de sang (1955), Le Soleil sous la mort (1965), Dans le sombre (1967), Ici, ailleurs, la lumière (1977), ont été rassemblés dans Poésie (1972) et En la nuit la mer (1981). Ses plus récentes publications de poésie et d’essais comptent parmi ses meilleures œuvres : les Heures (1987), les dernières heures d’un fils avec son père; Ouvertures (1988) ainsi que Commencements (1992). Métaphysique et mystique, la poésie de Ouellette est profondément incarnée, contrastée, érotique, remplie d’images intuitives. Sa quête de l’absolu s’inspire des Romantiques allemands — voir Depuis Novalis : errance et gloses (1973) – alors que ses exigences rigoureuses se rapprochent de celles de Pierre-Jean Jouve.
Également critique et théoricien de ses genres préférés, Ouellette est aussi un excellent essayiste. Peu après la proclamation de la LOI SUR LES MESURES DE GUERRE en 1970, pendant la CRISE D’OCTOBRE, il refuse le PRIX LITTÉRAIRE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL pour Les Actes retrouvés, sur la poésie et la poétique, le pouvoir, la violence et la tolérance. Ecrire en notre temps (1979) étudie les mêmes questions éthiques et esthétiques. Ami de plusieurs peintres, dont Chagall et du compositeur Edgard Varèse, dont il publie une biographie (1966) qui est traduite en anglais en 1968, Ouellette s’intéresse à l’art qui sous-tend tous les arts. Son Journal dénoué (prix de la revue Études françaises, 1974) est une autobiographie intellectuelle importante. Trois de ses romans, Tu regardais intensément Geneviève (1978), La Mort vive (1980) et Lucie ou Un midi en novembre (1985) sèment la controverse.
Bien que Ouellette remporte trois prix littéraires du Gouverneur général, il n’en accepte que deux, dont un pour Lucie ou un midi en novembre en 1985 et un autre pour Les Heures en 1987. Il remporte le prix Athanase-David en 1987, la médaille de la Ville de Laval en 1992, le prix Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1994, le prix Gilles-Corbeil en 2002 et le Prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec en 2006. En 2005, il est nommé Chevalier de l’ORDRE NATIONAL DU QUÉBEC.


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