Bonjour à toutes et tous,
j’ai le grand plaisir de recevoir aujourd’hui au Questionnaire de P(oés)I(e) Daniel Dargis.
Présentation:
Daniel Dargis habite Trois-Rivières. Il a été professeur de littérature et de chanson contemporaine. Il a publié Terre étrangère aux Éditions d’art le Sabord ainsi que dix recueils de poésie aux Écrits des Forges dont Les noces de l’abandon, Lumière artésienne et Continents neufs. De nombreux poèmes ont paru dans plusieurs revues; ses textes figurent dans plusieurs anthologies. Il a participé à de nombreuses collaborations artistiques où ses poèmes accompagnaient des œuvres picturales. En 2006, il reçoit le prix Jean-Lafrenière/Zénob 2005 dans le cadre du 22e Festival international de la poésie.

1. Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie?
La chanson d’expression francophone. Lorsque j’étais encore enfant, n’allant pas encore à l’école, j’aimais écouter les chansons de Félix Leclerc. Plus tard, au début de mon adolescence, Gilles Vigneault et Jean-Pierre Ferland… puis Brel, Brassens, Ferrat… ce que l’on appelait la chanson à texte me parlait grandement. Ces univers musicaux nourrissaient la poésie du jeune poète en herbes que j’étais.
2. Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi?
Un de mes poètes préférés est Gatien Lapointe, pour l’ensemble de son œuvre. Sa poésie a constamment évolué d’un livre à l’autre. J’attire votre attention sur son recueil intitulé Arbre-radar. Il me plaît pour sa remise en question de la poésie, son invention verbale, son imaginaire et cette beauté mystérieuse du texte qui est mise en valeur par le rythme et les sonorités:
par éclats d’atomes et de syllabes,
cœur pilote harponnant le feu, je descends
dans la langue du corps, dans la déchirure
de l’émotion – radar d’ailes de poils de racines –
j’écoute naître des brouillons d’univers
3. Quelle est votre dynamique d’écriture?
J’écris tous les jours, souvent même la nuit. Je note des mots, des images, des sensations. Parfois la musique du texte s’impose à moi, son rythme et ses sonorités. Jamais le poème ne sera écrit définitivement au premier jet. Travail, discipline et patience: le mot juste, la structure, la cohérence. Lire à haute voix. Reformuler. Aimer la disposition du texte sur la page. Laisser mûrir (parfois jusqu’à 6 mois); le temps révélera le poème à lui-même. Il y a un souci de beauté. Ne jamais oublier le lecteur. Tout n’est pas publiable.
4. Pouvez-vous nous en offrir un ou deux extraits?
Dans mon dernier recueil intitulé Géographie des heures, j’explore les thématiques universelles de la vieillesse, de l’abandon, des trahisons, de l’hiver intérieur qui occupe une place de plus en plus grande avec le passage du temps.
La vie, l’amour et la mort comme autoportraits, voilà ce qui a inspiré l’écriture de mes poèmes.
Sur le plan de l’écriture, j’image mon propos en m’adressant à l’imaginaire et la sensibilité du lecteur. La musique du langage vient soutenir cette exploration de l’intime. Ce recueil suggère au lieu de raconter; le lyrisme le caractérise. Le lecteur y trouvera un écho de sa propre vie et de ses dérives intérieures.
sur le rectangle de la page
les matins miséreux
sans fusées de détresse
la nuit encore la nuit
les anaphores
mois après mois
déjà trop de silences sans lune
déjà d’autres hivers dans les os
et cet autre extrait :
sur le lit défait
les travaux
sans escalier
page après page
tout raser ce qui quitte
la mort
sans méthode
à l’agenda
septembre ne parle plus de sa fin
qu’avec des phrases dégrafées
la peine n’est pas un pays
5. Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi?
Le vôtre, celui de Daniel Guénette, de Ricardo Langlois et de Mario Cloutier. Je vous les recommande pour les informations, les appréciations et les entrevues présentées.
6. Le mot de la fin
La poésie permet de comprendre l’humain et le monde dans lequel nous évoluons. Elle donne un sens à notre vie.
Je tiens à vous remercier pour la visibilité que vous m’accordez.
Voilà, un très grand merci Daniel d’avoir joué le jeu du Questionnaire de PI et je vous souhaite tout le succès que vous méritez amplement.
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