Les trois finalistes seront révélé·es lors du dévoilement de la programmation de la 24e édition du Festival de la poésie de Montréal début mai.
Créé en 2020, le Prix récompense une œuvre poétique francophone exceptionnelle par sa qualité formelle et thématique. Le lauréat ou la lauréate remportera une bourse de 5000 $ (CAD) qui lui sera remise lors du FPM qui aura lieu du 29 mai au 4 juin 2023.
Le FPM remercie ses partenaires : Consulat général de France à Québec, Fédération des maisons de poésie (MAIPO), Festival Quatre chemins (Haïti), Maison africaine de la poésie internationale (Sénégal), Maison de la poésie d’Amay et FiEstival (Fédération Wallonie-Bruxelles), Maison de Poésie – Fondation Émile Blémont et Académie Mallarmé (France)
Exposition de la vie estompée, effacement qui mène au vide, disparition dans le flottement de paysages éphémères, de moments transitoires, gommages à l’image de ce « prendre corps » du tableau de Doïna Vieru où la visibilité hésite entre vide et plein, vide empli de plénitude et de solitude. L’univers de Gérard Leyzieux se construit à partir de cette confrontation, de ce passage, entre son regard et le monde qui nous entoure.
Étrange passage du temps à travers la mémoire du corps. Le regard est à l’œuvre pour combler le vide qui nous ronge. Un dialogue semble se nouer entre le « je » et le « tu », il devient trilogue quand le « il » impose sa présence. Dépasser ce palimpseste millénaire, effacer le tourbillon du quotidien qui veut « prendre corps » et meubler le vide et, du plus profond, éveiller sa voie/x personnelle.
Natasha Kanapé Fontaine, J’achève mon exil pour un retour tremblant. Par Ricardo Langlois
C’est avec ce premier recueil, publié sous le titre « N’entre pas dans ton âme avec tes chaussures » (Mémoire d’encrier, 2012 ) que Natasha Kanapé Fontaine arrive dans le merveilleux monde de la poésie. Son premier recueil réédité sous un nouveau titre est un livre majeur. Écrit à l’âge de 21 ans seulement, ce livre est pour moi un livre de méditations.
Les origines
On peut faire abstraction du passé, de notre histoire, de nos origines, cette poétesse se tient loin de la modernité, elle évoque la grandeur d’un peuple oublié.
« J’ai perdu mon nord. La boussole blanche s’est cassée.
Je marche par des détours, en attendant de fuir. Inerties.
Bienvenue dans mon corps fatigué,
Affamé d’un monde parallèle. » (…) ( p. 10)
J’ai eu l’impression de découvrir un monde que j’ignorais. Je suis tombé d’une autre galaxie sûrement. J’explore ce monde parallèle. Suis-je le seul à entendre cette plainte comme un extra-terrestre? Je découvre un vrai voyage intérieur.
« Le parfum des brasiers
Enlace mon vêtement
Incendiaire
Matshiteu
Il mène à la barre du jour
La brise perdue
Immensité ivre
L’hiver fumé
Je repars. » (p. 27 )
La vraie vie?
Je me rappelle, seul dans le bois de Saint-André d’Argenteuil, à couper du bois, à entendre le chant des oiseaux. Je suis dans la nuit éternelle. (Robert Lalonde ). L’effondrement des murs, l’exploration de l’inconnu, les chamans-nuages, mon désir d’aube, et j’écris et je divague et je pense à Joséphine Bacon :
« Je suis la grande lune
Qui traverse le temps
Tourbillon de neige
Je m’affole
Que vive la tradition » (1 )
Ce monde qui s’effrite dans les détails hasardeux (l’intelligence artificielle, la pensée unique, disloquée). Besoin de solitude, de marcher, de retrouver les spectres à travers les temps devenus fous.
« Enfants baignés d’innocence
Plages dévorées de bois blanc sans écorce
Aux coquilles spirituelles répandues à tes soleils
Et tes astres les camps de la maisonnée
Sont les survivants. » (p. 55 )
Je vous entends
Ah! L’insignifiante innocence. Où est le cri de nos ancêtres. Je vous demande pardon au nom de vos communautés. J’entends l’écho de votre voix. Je m’agenouille. Je voudrais que le temps s’arrête pour mieux vous connaître. Vous aimer. Nous appartenons au Cosmos. La vérité est enfin révélée.
« Territoire sans limites
Établies habitons ensemble notre mélancolie
Cassée en oublié désiré refoulé. » (p. 67 )
« Dans la mathématique des émotions humaines, plus rien n’est sûr sur l’avenir collectif. On voudrait arrêter le temps. » (2 ) Le sourire de ma mère. Respirer mieux intérieurement. Votre livre est un petit miracle. Sur le plan émotionnel, c’est la chambre du chroniqueur qui est émerveillé par votre souffle, votre intelligence.
« La chambre me berce
Lueur blanche et perles de nacre
Toi ton corps
Écorce parallèle à l’aurore
L’ile des morts
Où j’échoue
Je m’éprends
Nouveau voyage
Nouveau monde
Vers un autre naufrage tendre. » (p. 68 )
Ce petit recueil a été écrit à 21 ans. Celle qui a étudié en Arts visuels et qui rêvait de devenir peintre. Ce livre est un manuel sur les rouages du passé. Aucune envolée lyrique, inutile. Tout le monde a sa place au soleil. Militante pour les droits autochtones et environnementaux, Natasha Kanapé Fontaine a remporté le Prix de la Société des écrivains francophones d’Amérique.
Notes
1. Joséphine Bacon, « Uiesh quelque part »Mémoire d’encrier 2018.
2. Serge Bouchard, « L’allume-cigarette de la Chrysler noire » Boréal Compact 2021.
Natasha Kanapé Fontaine, « J’achève mon exil pour un retour tremblant »
du lundi 1er mai au dimanche 7 mai 2023, de 13h à 19h
à la galerie du Viaduc 5806, boul. St-Laurent, Montréal
Lancement officiel du livre AZIMUT
jeudi 4 mai de 13h à 19h Galerie du Viaduc 5806, boul. St-Laurent Tél : (514) 917-9500
Entrée libre A Z I M U T
L’événement AZIMUT se compose de la mise en vente des exemplaires tous numérotés et signés du livre AZIMUT, un recueil de 180 haïkus libres, rehaussé d’illustrations de Patrick Coppens, ainsi que de l’exposition de 50 tableaux (encres, gouaches) sur papier de l’auteur.
L’après-midi et la soirée du 4 mai seront consacrées au lancement officiel du livre, ainsi qu’au vernissage de l’exposition. Un vin d’honneur et des bouchées seront servis.
j’ai le grand plaisir de recevoir aujourd’hui au Questionnaire de P(oés)I(e) Jean-Marc Lefebvre.
Présentation:
Né en 1954 à Montréal, Jean-Marc Lefebvre travaille entre autres comme artisan relieur et poète depuis 1991. AU NOROÎT, il a publié Les ombres lasses (2005), La tentation des armures (2001 : finaliste au Prix des Terrasses Saint-Sulpice) et Le chemin des vocables (collection « Initiale », 1997).
Illuminer les cendres est son dernier recueil.
1/Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie?
La nécessité m’a amené à la poésie, nécessité de donner forme à ce qui m’échappe, nécessité sensible d’être, de nommer et de tenter de vivre à la hauteur de mes mots, que ceux-ci portent un poids de vie et un sens, ouvert, toujours à découvrir.
2/Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement?
J’ai plus ou moins commencé à écrire à la fin des années 80, me suis alors inscrit au certificat en création littéraire de l’UQAM avant de publier un premier titre à compte d’auteur. C’est à ce moment que j’ai compris l’importance de lire de la poésie et me suis mis à lire ce qui se publiait, au Québec, surtout. Nous avons tant d’auteurs et d’autrices remarquables.
3/Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi?
J’ai tant d’auteurs préférés qu’il m’est impossible de n’en dévoiler qu’un ou deux, ces dernières années, je suis frappé de la force et de la pertinence de l’écriture des femmes, de sa portée à la fois intime et universelle.
4/Quelle est votre dynamique d’écriture?
Pour écrire, je dois d’abord m’asseoir, regarder à la fenêtre, poser un premier mot. Je ne m’impose pas de le faire chaque jour. Je crois que je suis vraiment dans l’écriture quand je suis saisi, ému, et que quelque chose m’échappe et que cette chose a besoin d’être rencontrée, reconnue, nommée.
5/Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations?
Mon dernier recueil a été publié en 2012 aux Éditions du Noroît. Illuminer les cendres est un recueil intime, je ne sais pas bien en parler, mais il témoigne de la relation que j’ai eue à tour de rôle avec ma mère et mon père en tant que fils aidant et qui m’a permis de les voir et de les aimer autrement
6/ Pour-vous nous en offrir un ou deux extraits?
je regarde tomber les feuilles cherche le clair chemin jusqu’à la chute des fruits février une poésie de peu de mots accepterons-nous d’inverser les rôles?
p.15
tu retournes à la terre par le chemin des ruisseaux je regarde au loin les bouquets d’écume nous restons sur le seuil désemparés lentement je défais les amarres je suis un nuage qui porte les larmes un peu plus loin
p.70
7/ Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi?
Quelques blogs de poésie ont surgi ces dernières années, dont le vôtre, celui de Ricardo Langlois que je découvre, ceux de Daniel Guénette et de Mario Cloutier, tous ont pour caractéristique une grande générosité, une belle ouverture et nous font découvrir des voix uniques et actuelles.
8/ Le mot de la fin
« J’écris pour moi, pour quelques amis et pour adoucir le cours du temps. »
Jorge Luis Borgès
« Pour aller loin, ne jamais demander son chemin à qui ne sait pas s’égarer. »
Roland Giguère
« rien que pour entendre passer le vent il vaut la peine d’être né »
Alvaro de Campos
Voilà, un très grand merci Jean-Marc d’avoir joué le jeu du Questionnaire de PI et je vous souhaite tout le succès que vous méritez amplement.
Pierre Turcotte Éditeur est fier d’annoncer la publication dans sa Collection Magma Poésie du recueil Flambeaux de viede la poète française Parme Ceriset.
Flambeaux de vie fait écho à la traversée des ténèbres inhérente à la condition humaine, aux flambeaux qui l’éclairent et lui donnent sens.
Il s’agit, pour chaque être, de parvenir à transcender sa propre finitude, à s’émanciper des carcans et de tout ce qui enferme, pour accéder à une part de liberté, à la conviction de se sentir en harmonie avec le Tout, comme une pépite de lumière fondue à l’Amour universel.
De poème en poème, l’auteure et sa meute de loups noirs accompagnent le lecteur dans cette grande aventure exploratoire mystérieuse et initiatique: la Vie.
Le livre en version numérique au format EPUB est disponible dans notre boutique au coût de 9,99€ (version papier disponible sur Amazon) :
Pierre Turcotte Éditeur a le plaisir d’accueillir la poète française Laurence Fritsch. Nous publierons bientôt son recueil Supplique pour la fin des nuits sans lune.
Laurence Fritsch, poète et haïkiste, vit près de Paris en France, et s’évade dès qu’elle peut dans les montagnes pyrénéennes. Pierres, cimes, rivières et étoiles peuplent son imaginaire. Journaliste, diplômée en pratique de l’écriture créative à l’Université de Cergy, elle propose une poésie parcimonieuse. Chaque poème est conçu comme une mosaïque ou un polaroïd traduisant un état d’âme, la fulgurance de la pensée, et quand elle est cri, l’impossibilité des mots. Entre 2021 et 2022, elle a relevé le défi d’écrire un poème par jour pendant 365 jours. Une sélection doit être publiée dans un recueil à paraître en 2024. Elle a publié des poèmes dans les revues Hélas, Lichen, Margelles, Traversées et Cabaret.
Fernand Ouellette, Vers l’embellie. Par Ricardo Langlois
Lire Fernand Ouellette est une expérience en soi. Pas de théorie, pas de sociocritique ou de déconstruction, c’est une poésie inspirée. Le cœur parle à travers la mort, la perte de sa Bien-Aimée. Parler de Dieu, pas tout à fait. La Lumière est présente partout dans l’écriture comme des accords musicaux. C’est une belle et longue lettre personnelle.
Le Réel?
Qu’est-ce que le Réel? L’homme occidental est en dépression. Nous sommes dans l’après-Covid. L’accomplissement de Soi demande un détachement. Un changement de vie. Vivre sans se donner des objectifs, sans poursuivre un idéal. Je pense à l’idée de Montaigne : laisse exercer son attachement sans effort. Savoir agir et ne pas agir. L’ouverture du cœur appartient à ceux qui savent. L’expérience de l’Éveil (de l’Esprit ) c’est tout ça que l’on retrouve dans ce livre-testament.
La poésie porte l’âme
Ici, je respire à peine, mais
Suffisamment pour esquisser
Un mouvement d’aile,
Lorsqu’une échancrure d’horizon
Laisse planer la lumière qui advient,
M’emmène ailleurs sans m’égarer. (p. 27 )
S’adosser à l’infini
Nous sommes dans l’un et l’autre. Le monde est cyclique. Les cycles de naissance, de mort et de renaissance. C’est le destin de tout homme. Prendre Conscience. Transformer l’Esprit par la poésie, la compassion. Éviter le stress, je contemple le fleuve. Je marche. Je respire. Le karma n’a pas besoin d’écrans, d’images superflues. J’écris doucement sur la page blanche. Je retranscris ces beaux poèmes imprégnés de lumière. Des lambeaux de lumière d’espérance comme à la pointe d’une épée. (1 )
Notre étreinte avait ses ombres
Comme tout nid de lumière.
Le cœur attirait des comètes
Et des mots irradiant,
L’amour, même fragilisé,
S’adossait à l’ infini (p.30 )
Si impuissant, suis-je
Vraiment vivant?
Engagé dans notre avenir?
Ma parole maîtrise-t-elle
De l’impossible
En trouvant des mots de vie,
Choisis comme des repères
Abritant des étoiles (p. 76 )
Dans le deuxième poème choisi (p. 76 ), j’y vois l’extrême faiblesse de la mort. Il est si difficile de survivre surtout maintenant. Vous semblez fatigué malgré le temps qui passe, malgré la perte de votre douce moitié, mais la Lumière reste intact. Elle ne méprise personne. Surtout pas les pauvres, les vieillards et j’ajouterais les jeunes qui sont devenus orphelins sans écran. Votre poésie transforme pour mieux renaître. Votre poésie est une humble musique. Je peux même l’entendre sur quelques notes sur une guitare acoustique.
Sur ma table de nuit
Je lis et relis plusieurs poèmes. Une larme tombe en lisant Destin : Vois, je suis prêt de toi sans destin, sinon celui de te rejoindre (p. 72 ) ou les anges au regard vif veillent à l’orée de l’esprit préparent des merveilles purifiantes (p. 106 ). Entrer en Dieu (le mot que l’on n’ose prononcer )comme on glisse dans le rêve de l’infini. Il n’y a pas de mise en marché de Dieu. Dans la nuit totale, Dieu fait son nid. C’est un cadeau. Avez-vous la foi? La folie pure de croire. Une manière de voir le monde, de l’espérer. L’indécence de prier en marge du vent. L’amour c’est toi, moi, Dieu, l’Autre, la Vie. Et cette musique du cœur surtout. Vous le direz dans un autre poème (2008 )
Encerclant comme une aura
Le cœur et l’âme,
Comme les êtres qui chantent
Leur aire, leur ascension (2 )
Et Les heures…
Du 23 janvier au 23 février 1986, vous avez écrit un livre-culte, Les heures (prix littéraire du Gouverneur général ) Vous parliez déjà de l’esprit (p. 85 ), de lumière (p. 101 ). Ce livre que j’ai lu dans les années 90 a été important pour moi (3 ). Le poète Jean-Marc Fréchette était votre ami. Il me parlait de votre solitude, de votre conversion…
Vous êtes un grand poète mystique pour moi.
Notes
Christian Bobin, Autoportrait au radiateur Folio, 1999.
Fernand Ouellette, Présence du large L’hexagone, 2008.
Fernand Ouellette, Les heures L’hexagone, 1987.
Fernand Ouellette, Vers l’embellie, (2017-2022 ). Les éditions
De La Grenouillère, 2023.
Fernand Ouellette, écrivain (Montréal, 24 septembre 1930). Un des intellectuels les plus actifs de sa génération. Cofondateur et membre du comité de rédaction de Liberté, en 1959, il crée avec Jean-Guy Pilon la Rencontre québécoise internationale des écrivains. Membre de la Commission d’enquête sur l’enseignement des arts au Québec (1966-1968), réalisateur d’émissions culturelles à Radio-Canada, il est écrivain en résidence ou professeur invité dans plusieurs universités.
Ses recueils de poésie, publiés aux Éditions de l’Hexagone, notamment Ces anges de sang (1955), Le Soleil sous la mort (1965), Dans le sombre (1967), Ici, ailleurs, la lumière (1977), ont été rassemblés dans Poésie (1972) et En la nuit la mer (1981). Ses plus récentes publications de poésie et d’essais comptent parmi ses meilleures œuvres : les Heures (1987), les dernières heures d’un fils avec son père; Ouvertures (1988) ainsi que Commencements (1992). Métaphysique et mystique, la poésie de Ouellette est profondément incarnée, contrastée, érotique, remplie d’images intuitives. Sa quête de l’absolu s’inspire des Romantiques allemands — voir Depuis Novalis : errance et gloses (1973) – alors que ses exigences rigoureuses se rapprochent de celles de Pierre-Jean Jouve.
Bien que Ouellette remporte trois prix littéraires du gouverneur général, il n’en accepte que deux, dont un pour Lucie ou un midi en novembre en 1985 et un autre pour Les Heures en 1987. Il remporte le prix Athanase-David en 1987, la médaille de la Ville de Laval en 1992, le prix Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1994, le prix Gilles-Corbeil en 2002 et le Prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec en 2006. En 2005, il est nommé Chevalier de l’ Ordre national du Québec.
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