À l’heure où plusieurs projets envisagent le retour de l’homme sur la lune, suscitant une inquiétude quant à son exploitation commerciale, ce livre enjoint de préserver notre satellite afin de lui garder toute son intégrité et son mystère. Chaque poème est un territoire inquiet. Il nous permet de pénétrer les ténèbres les balbutiements les déroutes les pas perdus. Pour les rejoindre les vers se déplient, fuient comme nous lorsque la nuit tombe comme un bloc de pierre. La lune permet de tamiser la distance entre toi et l’absence au sein même de l’amour. Elle le transforme sourdement en ramenant aussi à nous les fantômes familiers qui nous ont fait et que nous pouvons croire engloutis mais que l’astre nocturne invite. Sa brillance chimérique dissipe bien des distances, desserre nos amarres car soudain nos songes enterrés sur la table du sommeil découvrent un nouveau circuit et moment même où nous croyons tomber ou nous perdre. Si bien que sans renoncer à son jeûne, notre obscurité se met à parler en une telle lumière incise.
Jean-Paul Gavard-Perret
Laurence Fritsch, Supplique pour la fin des nuits sans lune, Pierre Turcotte Éditeur. Montréal (Québec), mai 2023, 68 p.-, 15€
Un très grand merci Jean-Paul pour ce très chaleureux commentaire.
Laurence Fritsch, Supplique pour la fin des nuits sans lune
L’émissaire
Constitué de deux révolutions de 27 poèmes, comme la révolution sidérale de la lune, ce livre est de fait une extrapolation cosmique de la phrase de Roberto Juarroz écrite en exergue : “Quelque chose d’obscur porte l’homme / à interrompre toute ce qui s’écroule : /la lumière, l’eau, l’amour, la pensée, la nuit”. (Treizième poésie verticale). L’auteure s’adresse “à tous ceux qui se sont un jour perdus dans l’encre de la nuit, et qui, levant la tête vers le firmament, n’y ont pas vu l’orbe réconfortante de la lune.”
Pour une telle poétesse, la nuit réunit part d’enfance, peurs, insomnies et l’inspiration qui naît lorsque le cerveau paraît s’endormir. La lune incidemment le nourrit. Elle devient plus qu’un éclairage : c’est la lumière qui fait parler le noir de l’inconscient. Si bien que Laurence Fritsch “fait” du Soulages avec ses mots en montrant que le noir, s’il est couleur, n’existe que dans sa brillance.
Le recueil parle aussi les ténèbres des nuits sans lune, des cavités et grottes, des silhouettes fantasmagoriques chères à Blake. Toutes préservent la présence clairvoyante de la lune. Car, ce qui nous clôt dans nos cauchemars, elle le reconstruit de manière plus verticale et ailée en une mosaïque barbare. A nous de la reconstruire et interpréter.
Loin des visions réductrices, Laurence Fritsch devient la manipulatrice des ombres et de leurs mystères que la lune habille. Celle-ci, habituellement est sexuellement désignée comme féminine et devient même l’emblème du genre. Ici, elle le quitte pour produire des agitations subtiles — où l’érotisme plane subrepticement – qui éclairent notre aveuglement pour faire de nous des âmes nocturnes et lucides. Ainsi, les transis du firmament se réveillent et se révèlent à eux-mêmes, entre apparitions et spectres.
Jean-Paul Gavard-Perret
Laurence Fritsch, Supplique pour la fin des nuits sans lune, Pierre Turcotte Éditeur. Montréal (Québec), mais 2023, 68 p — 15,00 €.
Un très grand merci Jean-Paul pour ce très chaleureux commentaire.
Laurence Fritsch, poète, journaliste de formation, vit dans la région parisienne mais part dès qu’elle le peut dans les montagnes pyrénéennes. Sa poésie est résolument et superbement minimaliste : chaque poème semble un instantané qui traduit la fulgurance d’une pensée ou d’un état d’âme.
« Supplique pour la fin des nuits sans lune » est son premier recueil imprégné de la présence de Roberto Juarroz, d’Anna Akhmatov et de William Blake entre autres comme du peintre Soulages pour le noir qui grâce à lui comme a elle trouve une brillance méconnue.
Car ce que nous respirons à l’angle droit du désir dans la chevelure de jais de la lune se donne à voir dans sa clarté dévorante au coeur du noir. Nous croyons qu’elle « nous » divorce lorsque le jour revient ou qu’elle est cachée mais de fait c’est notre ange. Et bien idiot sont ceux qui veulent l’exterminer en la colonisant.
Son rayonnement fait ce que nous sommes en perforant les monstres de notre inconscient et nos fantasmes dès que le sommeil nous prend. Car en son égide notre cerveau endormi trouvent enfin un rêve toujours plus cru et crû dans les saillies d’une parole qui à la lumière des jours retournera à l’état de monnaies de singe. Ce qui n’est pas le cas ici.
Pour peu que l’on s’intéresse à la poésie et à supposer que l’on fréquente les réseaux sociaux, le nom de Geneviève Catta ne peut que nous être familier. Cette écrivaine est animée par un vibrant amour de la littérature ; elle anime des ateliers littéraires, s’affaire à alimenter un blogue d’écriture (Les mots, la vie) et partage régulièrement ses poèmes sur Facebook. La minute passe sur les épaules de ta voix est son deuxième livre. Il fait suite à Souffles avant, un recueil de nouvelles parus en 2021 aux Éditions Le Lys Bleu.
Il entre beaucoup de fantaisie dans la manière de Geneviève Catta. Souffles avant faisait montre d’inventivité. Même dans la gravité, la nouvelliste excellait à dire les choses sans jamais dramatiser, avec une fine pointe d’humour, non sans une légèreté insufflant à sa prose une certaine dose d’optimisme. C’est du moins la perception qu’il m’est resté de cette lecture. De même, les poèmes qu’elle publie ordinairement sont-ils rafraîchissants, curieux, étonnants pour ne pas dire savoureux et séduisants.
Ceux qui composent le recueil montrent, me semble-t-il, une autre facette de l’univers poétique de l’écrivaine. Ils ne sont pas moins réussis ; l’imagination, cette faculté maîtresse à l’œuvre partout chez Catta, n’en est pas exclue, mais elle s’engage sur un tout autre terrain que celui où nous convie habituellement l’écrivaine sur son blogue. À dire vrai, il me faudrait sans doute ici nuancer mon propos. Je n’ai pas suffisamment arpenté « Les mots, la vie » pour avancer que tout y est affaire de lumière et de joie. Une chose est certaine cependant, le recueil dont il est ici question est plutôt sombre ; c’est qu’il fait état d’un naufrage amoureux. Il s’écrit d’abord au milieu de la nuit, pour s’achever plus heureusement dans ce que François Cheng, cité par la poète, appelle « la fraîcheur du matin du monde. » Telles sont d’ailleurs les derniers mots de l’ouvrage.
C’est également à ce poète que l’on doit les tout premiers, extraits comme tous les autres exergues du recueil de ses Cinq méditations sur la beauté. Un brin formaliste, pour ne pas dire rigoureuse, la poète comme pour faire écho au chiffre du titre a donné la parole au maître à cinq reprises, le citant au début de chacune des parties de son recueil, puis, comme mentionné, à la toute fin. Je laisse aux lecteurs et lectrices le soin de découvrir les liens unissant ces citations aux poèmes et à la démarche de l’auteure.
Le chant premier du recueil commence par les vers suivants : « il n’y a plus / ni nuit / ni aube ». Je le mentionne afin de souligner une fois de plus la cohérence structurelle de l’ensemble, le recueil se terminant, on s’en souviendra, par l’affirmation de la lumineuse manifestation du matin. Comment ne pas penser ici au plus récent recueil de Hélène Harbec ? Dans un style fort différent de celui de Geneviève Catta, elle signe également un ouvrage portant sur le deuil amoureux. Je l’indique en raison de la présence de Cheng en exergue de son ouvrage. Je cite : « Consens à la brisure, c’est là / Que germera ton trop plein / De crève-cœur, que passera / Un jour, hors de l’attente, la brise. » Justement, la brise du matin, celle du renouveau que l’on voit à l’œuvre dans le recueil de madame Catta.
La minute passe sur les épaules de ta voix est un recueil qui renferme de très beaux poèmes, où le chagrin est rarement exprimé de manière convenue, où le verbe est la plupart du temps retrempé aux sources les plus vives de l’inventivité poétique. Dans la présentation de l’auteure, l’éditeur mentionne le caractère charnel « et résolument moderne » de la plume de Geneviève Catta. Force est de lui donner raison, tout en ajoutant le bémol d’une inscription certaine dans la tradition poétique telle qu’on la retrouve à la fois chez les anciens et les modernes. L’amour est une affaire de cœur. Dans le lexique des poèmes d’amour se rencontrent des mots et des métaphores qui vont de soi, tout moderne que l’on soit : « j’offre mon cœur ». Pourquoi s’interdirait-on pareil langage ?
Or l’éditeur, dans cette présentation, dit surtout ceci, à quoi je souscris entièrement : « Dans sa poésie, elle cueille l’impression des mots, s’attarde aux couleurs que ceux-ci révèlent sur les ‘‘ choses de la vie ’’. » Poète de la synesthésie, de l’extrême sensibilité aux liens unissant les mots aux « choses de la vie », Catta est une merveilleuse poète de la sensualité. Partout dans ses poèmes se retrouve l’attentive appétence qui consiste à tenter de saisir par les pouvoirs du langage la nature de ce qui « est », afin de donner corps à toutes choses dans le poème. Il y a énormément de sensualité dans la manière de Catta, pas uniquement dans ses propos, quoique nul ici ne soit leste, bien que les corps en viennent à s’étreindre dans le feu d’une passion qui cependant finit dès le début du recueil par s’éteindre. Or ce n’est pas tant de cette sensualité qu’il s’agit, c’est plutôt de celle dont parle l’éditeur lorsqu’il évoque « l’impression des mots » et la primauté accordée à leurs couleurs. Dans le rendu, celui des mots, la poète se montre finement attentive aux objets, aux phénomènes physiques et immatériels qui l’entourent. Elle a, je l’ai dit, le sens de la formule inventive, si bien que les jeux de langage sans gratuité aucune miroitent chez elle de façon impressionniste. La beauté du monde est alors bellement rendue. Du reste, et ce recueil en témoigne grandement, cette poète parvient à dire tout aussi bellement les graves duretés qui l’accablent.
ma cicatrice faiblit et laisse la chair l’envahir comme la tache sur la nappe
pourquoi faut-il que quelque chose reste toujours derrière soi
ou est-ce moi qui respire encore l’odeur de pomme mûre de ta peau
On m’a fait remarquer récemment que mon travail de lecteur entretient peu de liens véritables avec la vraie critique littéraire. Je ne m’y montre pas suffisamment sévère. On m’a alors gratifié du titre plutôt sympathique d’« appréciateur ». Voilà qui est assez bien trouvé, puisque, en effet, dans ce que j’appelle mes « petites études », je tente principalement de mettre en évidence les particularités objectives des ouvrages que je recense. Mon but est de rendre manifestes leur propos et leur manière. Si je trouve çà et là des scories, je laisse aux autres le soin de les découvrir. Cependant, je crois qu’il est important de rappeler un principe de base. Il concerne la correction orthographique. Les coquilles sont pardonnables, si elles n’abondent pas dans un ouvrage. Mais les fautes d’orthographe le sont moins. Elles sont inévitables lorsqu’on est au stade du manuscrit. Elles relèvent souvent de la distraction. L’auteur est absorbé par ce qu’il écrit, par le tout qu’il produit ; des petits détails peuvent lui échapper. S’il doit veiller au grain, l’éditeur doit également y mettre du sien, s’adjoindre les services d’un correcteur d’épreuves ou à tout le moins recourir à un logiciel de correction.
Pierre Turcotte Éditeur est un nouveau venu qui propose de nouveaux auteurs. Accueillons-le à bras ouverts. Il mérite toutes nos félicitations. Il n’en méritera pas moins le jour où il présentera des ouvrages plus soignés.
Cela dit, terminons en beauté. Laissons la parole à la poète.
aurai-je dû attendre avant de ranger le couvert je ne te vois pas parmi les ombres courbes l’amour s’émiette-t-il
je suis naine face aux saisons futures et le bleu s’accroche à la lampe comme un mensonge qui subsiste
la nuit tangue j’ai demandé au hibou comment l’affronter mais il rit et agite ses aigrettes
Auteur : Daniel Guénette
Écrivain québécois. Publie ouvrages de poésie (dont Varia au Noroît) et romans (Dédé blanc-bec, etc. à La Grenouillère). Ai enseigné la littérature au niveau collégial. À la retraite depuis 2011. Me consacre à des lectures dont je rends compte sur mon blogue : Blog de Dédé blanc-bec : 4476:HOME:BOLG Notice biographique (voir L’Île : litterature.org) Daniel Guénette est né le 21 mai 1952. Il est originaire de Montréal. Il a vécu son enfance et la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il produit alors deux recueils de poésie (Traité de l’Incertain en 2013, Carmen quadratum en 2016) et un récit (L’École des Chiens, en 2015). Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article très élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2013 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée de manière positive par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier, sur Blogues Église catholique à Montréal : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l’évocation de l’ami fidèle nous servira de guide. »). Dominic Tardif, dans le Devoir, 4 juillet 2015, a rendu compte chaleureusement de ce récit. Il a souligné qu’avec ce dernier, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, ce récit a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On peut lire ses plus récentes recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique.
Le poète Sylvain Turner nous parle de sa démarche artistique et nous présente son recueil IN EXTREMIS aux Éditions TNT.
Sylvain Turner est titulaire d’une maîtrise en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Concepteur-rédacteur, traducteur, chroniqueur littéraire et parolier, il a publié des textes dans les revues Gaz Moutarde, Possibles et Exit, notamment. In extremis est son deuxième recueil de poésie.
J’ai découvert ce poète contemporain avec ce recueil.
Les poèmes sont très recherchés, parfois courts, polysémiques. L’auteur joue avec la langue pour engendrer des significations inattendues et surprenantes. Ils utilisent les mots comme une matière première qu’il pétrit avec talent.
Gérard Leyzieux nous emmène dans un univers complexe et inexploré, il nous fait voyager avec réussite dans un espace méconnu, mais dont il semble parfaitement maîtriser les codes.
Les mots nous mènent à l’horizon de nos fuites.
Les textes philosophiques portent un regard intemporel sur tous ces passages qui s’offrent avant, pendant et après la vie.
Chaque ligne est ajustée pour donner du rythme au recueil, la lecture est aussi enrichie par les assonances.
*
Vide ton regard
De toute sa mémoire
Le temps d’un clin d’oeil
*
Livre coup-de-coeur, le poète réussit magnifiquement à ouvrir nos paupières sur ce monde habité de présence autant que d’absence.
L’éblouissement au fil des pages est manifeste et magnifique, nous marchons dans nos pas d’antan, et regardons ce pied qui va venir se poser devant nous.
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Etrange passage
Dépassement du lieu
Etre sans âge au défi du temps
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Le talent indéniable de l’écrivain nous submerge jusqu’à Laisser passer l’espace sur la mer / Astéroïde des temps (qui nous) perce (jouissivement) dans notre corps.
Tout est agencé, juste, dans un exercice de style très réussi. Le travail sur le langage est remarquable et le propos pertinent.
Un livre à lire sans aucune modération.
Gérard Leyzieux écrit, à la fois, de la poésie et de la prose. Si dans sa poésie il recherche une expression personnelle, une voix singulière « malaxant » souvent la syntaxe, il retrouve un style plus classique dans ses œuvres en prose. Après de nombreuses années passées à l’étranger pour raisons professionnelles, il vit aujourd’hui entre Rochefort sur mer, où il est né en 1953, et Bucarest, pays de son épouse.
Primé à plusieurs concours français et internationaux, il a publié ses textes dans des revues papier en France (« Haies vives », « Lélixire », « Festival Permanent des Mots »…) ainsi qu’à l’étranger (Canada, Roumanie, Belgique). Il publie également ses mots modelés à l’émotion sous forme électronique dans des revues en ligne (« Paysages écrits », « Ce qui reste », « Incertain regard »…) et contribue régulièrement au site « Le Capital des Mots », www.le-capital-des-mots.fr
Avec Géographie des heures, Daniel Dargis offre un nouveau recueil aux Écrits des Forges, plus de 20 ans après Les noces de l’abandon. Le poète y aborde des thèmes qui lui sont chers tels la vieillesse, la perte, les petites trahisons. Le poète habite totalement le lieu et les pages du recueil.
L’hiver occupe une place majeure dans ce très beau livre, saison qui envahit et le recueil, et le poète, symbole du passage des années. La saison est autant interne qu’externe.
L’homme et le poète se confondent pour écrire avec émotion sur le temps qui passe.
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dans des cartons humides au sous-sol
semaines en solde
soleils fermés pour cause de rénovation
guerre froide des cœurs
depuis plusieurs novembres
nuits océanes de la douleur sur la page
l’étranger de sa vie
muet et en fuite
l’hiver apatride entre les côtes
il fait soir d’ordures devant l’immeuble
*
Les poèmes sont brefs, très bien construits et s’enchaînent à un rythme d’une belle lenteur.
Ce qui fait que l’on revient souvent au poème précédent, pour le découvrir à nouveau, enrichi de la lecture du suivant.
*
ta robe sur le plancher
les ellipses
les ratures
ailleurs une langue hors d’usage
sous les vêtements élimés
*
La vie défile sous nos yeux, instant après instant, seconde après seconde.
Aujourd’hui les mots sont sans sommeil, nous descendons avec le poète, tranquillement et lucidement, l’autre versant de la montagne.
La jeunesse, le temps écoulé, l’amour, tout s’échappe avec une inéluctable et irrépressible logique.
Les mots sont parfois forts, lyriques. Les poèmes nous parlent directement au coeur et cette Géographie des heures est tout simplement une carte sublime de l’éphémérité d’une vie et un recueil qui témoigne d’une présence, celle de la poésie, qui seule, peut retranscrire l’éternité de notre fugacité.
Le poète, dans son honnêteté et sa fragilité, nous offre les derniers vestiges de toute une vie, que l’on présume riche.
Géographie des heures est un chemin, le chemin de Daniel Dargis, où le sablier des heures s’ébrèche, et qu’il nous permet dans une grande sincèrité et avec un immense bonheur, de découvrir.
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à voix basse
les cerfs-volants
sans leurs verbes
des versions orphelines.
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Daniel Dargis habite Trois-Rivières. Il a été professeur de littérature et de chanson contemporaine. Depuis 1975, il a publié plus d’une dizaine de recueils parus aux Écrits des Forges, entre autres Les noces de l’abandon, Hiver noir, Lumière artésienne, Déchirures, Continents neufs, Astrales jachères, L’anecdote, Scénario grammatical et Perce-neige.
nous sommes très fiers d’annoncer la sortie du livre Supplique pour la fin des nuits sans lune de Laurence Fritsch dans la collection Magma Poésie chez Pierre Turcotte Éditeur.
Très bienvenue dans la grande famille Pierre Turcotte chère Laurence.
À quoi ressemblent les nuits sans lune ? À du noir, sans réverbération, sans refuge, sans espoir. De la poix pour les âmes qui errent entre cauchemar et insomnie. Nuages, intempéries, pollution lumineuse, éloignement inéluctable du satellite, convoitise économique, pourraient nous priver de la lumière de l’astre rêveur qui drape nos nuits d’un halo rassurant. Alors, que faire sinon supplier la lune — Phœbé, Hécate, Diane, Artémis — de ne pas nous délaisser et de nous préserver de la mélancolie et de la frénésie humaines ? FRITSCH, Laurence. Supplique pour la fin des nuits sans lune. Montréal : Pierre Turcotte Éditeur, Collection Magma Poésie, 2023, 77 p.
Laurence Fritsch, poète et haïkiste, vit près de Paris en France, et s’évade dès qu’elle peut dans les montagnes pyrénéennes. Pierres, cimes, rivières et étoiles peuplent son imaginaire. Journaliste, diplômée en pratique de l’écriture créative à l’Université de Cergy, elle propose une poésie parcimonieuse. Chaque poème est conçu comme une mosaïque ou un polaroïd traduisant un état d’âme, la fulgurance de la pensée, et quand elle est cri, l’impossibilité des mots. Entre 2021 et 2022, elle a relevé le défi d’écrire un poème par jour pendant 365 jours. Une sélection doit être publiée dans un recueil à paraître en 2024. Elle a publié des poèmes dans les revues Hélas, Lichen, Margelles, Traversées et Cabaret.
AZIMUT, un recueil de 180 haïkus libres, rehaussé d’illustrations de Patrick Coppens.
Les éditions du Prisme Droit et Bernard Lévy, directeur, ont le plaisir de vous inviter à célébrer l’événement AZIMUT, le livre et l’exposition de 50 dessins et peintures de PATRICK COPPENS.
lundi 1er mai au dimanche 7 mai 2023
– 13h à 19h –
à la galerie du Viaduc
5806, boul. St-Laurent, Montréal
Lancement officiel du livre AZIMUT
jeudi 4 mai 2023
– 13h à 19h –
Galerie du Viaduc
5806, boul. St-Laurent
Tél : (514) 917-9500
Poète, dessinateur et peintre (encres pigmentées), Patrick Coppens est né à Orléans, ville délivrée du joug des Anglais par Jeanne d’Arc en 1429, comme il aime plaisamment à le rappeler. Après avoir complété des études secondaires au Collège Saint-François de Sales, à Gien, poursuit ses études à l’Université de Paris Sorbonne puis à l’Université de Tours, où il termine en 1967 des études supérieures en littérature française. Directeur et fondateur de la revue Le Pot aux roses en 1965, il enseigne pendant deux ans le français au Collège Saint-François de Gien avant d’immigrer au Québec en 1968. De 1968 à 2009, il est bibliographe responsable du module Littérature et linguistique des Services documentaires multimédia. Co-fondateur de la Société littéraire de Laval, il en est le président de 1985 à 1989 puis de 2005 à 2009. Il fonde en 1997 les Mardis de Port-Royal, libre regroupement hebdomadaire d’une vingtaine d’artistes, en poésie, arts visuels, etc. En juin 2010, il fonde Rien d’autre (la littérature et Rien d’autre), qu’il anime également. Dans le cadre de projets récréatifs ou pédagogiques, il dirige des ateliers de crétion littéraire et siège sur divers jurys. Patrick Coppens participe, au Québec, en France et en Belgique à de nombreux spectacles de poésie : Place aux poètes, Noches de poesia, Cinq à Souhaits, etc. De 2005 à 2009, il participe à Poésie dans le métro et lit pendant quatre heuress des poèmes d’auteurs québécois vivants, sur les quais des stations Place-des-Arts, Berri-UQAM et Monmorency. Il a publié dans de nombreuses revues telles que Estuaire, Moebius, Liberté, Brèves, Vie des Arts etc, ainsi que dans les journaux Le Jour et Le Devoir. De la poésie à l’anthologie, en passant par la critique, le récit et l’humour, il a publié plus d’une trentaine de livres. Patrick Coppens a reçu, en 1991, le Prix d’Excellence en création littéraire de la ville de Laval et la Médaille spéciale d’excellence artistique. Il est membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois.
Rimez, rimez, il en restera toujours quelque prose.
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