Lancement Par la peau du cou de Dominique Gaucher – Pierre Turcotte Éditeur

Mot de Dominique:

Un lancement réussi hier soir avec plus de 30 personnes présentes. Merci à la famille, aux amis, aux amis et collègues poètes, aux amies et collègues de PDF Québec, aux amis de l’école primaire, aux personnes ressorties du passé que j’étais bien contente de revoir, et même à une cliente! Et j’en oublie! Merci à Mireille Cliche qui m’a présentée et s’est occupée du micro… Merci à mon chum, Jean-Pierre Pelletier, qui s’est chargé de la vente des livres. Photos de Mireille Cliche et Albert Saucier.

BIOGRAPHIE

Née à Montréal, lauréate des Prix Piché-Le Sortilège du Festival international de poésie de Trois-Rivières, auquel elle a participé à plusieurs reprises, et Premier prix de prose de la Société littéraire de Laval, Dominique Gaucher est l’auteure de quatre recueils de poésie parus aux Écrits des Forges à Trois-Rivières ainsi que de textes de prose et de poésie publiés en revues et en collectifs. Elle a participé au March Hare à Terre-Neuve, au Festival international de poésie de Formose, à Taïwan, au Festival international de poésie du Bangladesh (virtuel), ainsi qu’à de nombreuses activités littéraires. Par la peau du cou est son premier roman.

BIBLIOGRAPHIE

SOLOS, poésie, Écrits des Forges (1999)

TRAJETS, PASSAGES ET AUTRES DÉMÉNAGEMENTS D’ATOMES, poésie, Écrits des Forges (2010)

AVANT DE RENONCER, poésie, Écrits des Forges (2016)

L’INVERSE DE LA LUMIÈRE, poésie, Écrits des Forges (2020)

LE FIL PERDU, poésie, Éditions du wampum (2024)

Ebook

Version papier

Invitation Dimanche en poésie 19 mai 2024 – Daniel Guénette

Bonjour à tous et à toutes,   

Vous êtes cordialement invités à notre prochain Dimanche en poésie qui aura lieu le 19 mai 2024 à 14 h à la Maison du citoyen – 184, rue Saint-Eustache à Saint-Eustache. 
Notre invité est Monsieur Daniel Guenette, auteur et poète. 
Vous trouverez ci-joint le programme concernant les détails sur notre invité et l’activité à venir. 
Cet événement sera précédé d’un micro ouvert.  
Bienvenue à tous et à toutes!   

Cordialement,  

Secrétariat de Toulèsarts

https://www.facebook.com/ToulesartsPoesie


Après des études en lettres à l’Université de Montréal où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire en 1978, Daniel Guénette enseigne la littérature au niveau collégial. Durant une dizaine
d’années, il collabore à diverses revues en tant que critique littéraire et poète. Lorsqu’il prend sa retraite à l’aube de ses soixante ans, il renoue avec l’écriture.
Poésie
Empiècements, Montréal, Triptyque, 1985, 93 p. (ISBN 2890310159)
L’Irrésolue, avec 7 aquarelles de Jacques Palumbo, Montréal, Éditions du
Noroît, 1986, 78 p. (ISBN 2890181294)
La Part de l’ode, avec 8 petites cosmogonies de Jacques Palumbo, Montréal,
Éditions du Noroît, 1988, 76 p. (ISBN 289018157X)
La fin du jour, Montréal, Éditions du Noroît, 1992, 70 p. (ISBN 2-89018-250-9)
Adieu, Montréal, Triptyque, 1996, 69 p. (ISBN 2-89031-239-9)
Traité de l’Incertain,Montréal, Triptyque, 2013, 59 p. (ISBN 9782890318892)
Carmen quadratum,Montréal, Triptyque, 2016, 77 p. (ISBN 9782897410759)
Varia, Montréal, Éditions du Noroît, 2018, 79 p. (ISBN 9782897661496)
Romans
J. Desrapes ou La prise en passant, Montréal, Triptyque, 1988, 146 p. (ISBN 2890310795)
L’Écharpe d’Iris, Montréal, Triptyque, 1991, 300 p. (ISBN 2890311325)
Jean de la Lune, Montréal, Triptyque, 1994, 228 p. (ISBN 2-89031-185-6)
L’école des chiens, Montréal, Triptyque, 2015, 268 p. (ISBN 9782890319851)
Miron, Breton et le mythomane, Québec, Les Éditions de la Grenouillère,
2017, 183 p. (ISBN 9782924758076)
Dédé blanc-bec, Québec, Les Éditions de la Grenouillère, 2019, 205 p. (ISBN
9782924758465 et 2924758467)
Vierge folle, Québec, Les Éditions de la Grenouillère, 2021, n.p. (ISBN
9782924758595 et 2924758599

E X T R A I T

Daniel Guénette, La châtaigneraie par Ricardo Langlois – 13 février 2023

L’aura du poète

« Un homme » est une mini biographie d’une
grande délicatesse.


« Un homme on se demande
Est-il un homme sans défaut
Un or si pur qu’on ne peut
En monnayer la substance
À jamais en préserver
L’aura
Et quand la fleur
En son enfance libère
Un effluve plus sacré
Que le temps qui passe
Nous restons seuls
Privés de son génie. » (p. 26)

Dimanche, le 19 mai 2024, à 14 h 00
Maison du citoyen
184, rue Saint-Eustache à Saint-Eustache.
Précédé d’un micro ouvert
Contribution volontaire de 5 $

PRIX ÉMILE-NELLIGAN | Lauréate 2023

Bravo à la lauréate: Sarah-Louise Pelletier-Morin, Le marché aux fleurs coupées, La Peuplade.

Au fil des siècles, les poètes de Ronsard à Verlaine, en passant par les Romantiques, ont parsemé leurs poèmes de références aux fleurs au point où la présence de tulipes, de lys ou d’orchidées est devenu un déplorable cliché. Dans Le marché aux fleurs coupées, Sarah-Louise Pelletier Morin relève le défi de réhabiliter la poésie centrée sur les fleurs.

D’une page à l’autre, Pelletier-Morin devient une experte de l’ikebana, l’art floral japonais, tant elle compose un bouquet surprenant qui présente des dimensions historiques, sociales et intimes de la botanique. Elle y parvient sans incorporer un seul élément fleur bleu. Quelle réponse vivifiante à la formule de Gertrude Stein « a rose is a rose is a rose », qui témoigne bien d’une certaine lassitude!

Le marché aux fleurs coupées est un recueil exigeant qui nous ramène au rythme imprévisible du vivant : « Notre pommier produit des fruits une année sur deux ; les forêts, quant à elles, avancent à leur rythme — tu n’y peux rien ». C’est un herbier composite dans lequel la poète tresse les mèches d’une poésie documentaire sur les fleurs avec celles du récit d’une femme qui apprivoise le deuil de son père.

Avec ce livre, Pelletier-Morin nous donne une grande leçon de patience et d’humilité alors qu’elle réactive habilement un sujet défraichi en littérature. À la fin de notre lecture, nous savons maintenant ce que la poète dit à propos de fleurs.

La lauréate a reçu une bourse de 7 500$ et une médaille à l’effigie du poète Émile Nelligan lors de la cérémonie qui se tenait le 6 mai dernier à Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Grande Bibliothèque.

Fondation Émile Nelligan

Lancement recueil intercollegial Pour l’instant 2023 – 2024

Une magnifique soirée,

merci à tous les Cegeps, au collège Ahuntsic, aux jeunes et talentueux poètes et à la Fondation lavalloise des lettres.

Avec Claire Varin, Aimée Dandois, Patrick Coppens et Baron Marc-André Levesque.

Parmi les 145 poèmes soumis au Concours intercollégial de poésie par des personnes étudiantes d’une cinquantaine de collèges et cégeps, trois ont reçu les premiers prix et un, une mention spéciale. Le jury composé des poètes Christophe Condello, Patrick Coppens et Aimée Dandois a souligné la qualité des textes de la cuvée 2023 et félicite les personnes primées et toutes celles qui ont su pêcher des mots dans le silence assourdissant de nos vies.

Andreea-Nicole Calenciuc, du Collège Marianopolis, remporte le 1er prix pour son poème « La toile ». Le jury a salué l’homogénéité de l’univers décrit et la justesse des mots qui s’enchaînent pour tisser une toile écarlate. Il a apprécié le classicisme des thèmes et la modernité apaisée de la forme. Le temps et le silence nous offrent une « clarté douloureuse », expression empruntée à ce texte sensible et maîtrisé.

Héloïse Labarre, du Cégep du Vieux-Montréal, se voit attribuer le 2e prix pour « Bouche de fée ». Retrouver son enfance à partir des traces familiales, telle est la démarche de cette poésie heureuse qui procède par images, selon une simplicité attachante et efficace. Déjouant les pièges de l’autobiographie, l’auteure a réalisé un véritable poème.

Le jury octroit le 3e prix à Sarah Thibert, du Cégep du Vieux-Montréal, pour son poème en prose « À l’intérieur ». Le jury a relevé la puissance qui se dégage du propos et des images. Le texte associe avec véhémence un lyrisme polémique et une lucidité critique.

Une mention va à Alexie Haddad-Cliche, du Collège André-Grasset, pour « Poème d’automne No 1 ». Enraciné dans la réalité québécoise, ce poème a de l’élan et une écriture spécifiquement poétique.

6e édition du Prix Patrick-Coppens

Sarah Thibert, du Cégep du Vieux-Montréal, remporte le Prix Patrick-Coppens. Le poète, peintre et bibliographe a émis les commentaires suivants à propos du texte « À l’intérieur » :

« Inventaire d’une réalité sombrement perçue. Écriture poétique augmentée du désir qu’elle le soit. Détermination, intensité et embardées significatives. Un poème à la fois assez noir et électrique, riche en secousses et pulsions lesquelles, le plus souvent, concourent à former un monologue ininterrompu. Certains codes et postures de l’esthétique postmoderne et des idéologies ambiantes servent utilement le propos de l’auteure. »

Patrick Coppens décerne une mention à Laurianne Faille-Boutin, du Cégep de Valleyfield, pour « À jeter ». Le poète a commenté : « Tout en mettant en question la démarche de l’écriture littéraire ou artistique, l’auteure jette les fondements d’un bon départ, signale les écueils à contourner. Un texte attachant et honnête, pas si résigné que ça, qui concilie poésie et didactisme frondeur. »

Comme vous le savez déjà, la poésie est un art qui occupe une place importante dans la vie de nos jeunes étudiantes et étudiants, et ce recueil leur offre la chance de s’exprimer et d’être lus. C’est pourquoi nous vous sollicitons afin de recruter ces artistes du verbe.

Chaque cégep participant peut envoyer trois textes qui seront publiés dans le recueil. Pour l’envoi des textes, veuillez consulter le document Comment participer au concoursCe lien s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre (PDF, 264 Ko).

Un jury indépendant formé de professionnels de l’écriture sélectionnera trois poèmes gagnants parmi les textes reçus. Les finalistes pourront recevoir leur prix lors du lancement du recueil, au mois de mai. À cette occasion, nous remettrons trois bourses aux auteurs primés du recueil (650 $, 400 $ et 250 $).

Vingt exemplaires du recueil seront envoyés à chaque cégep participant, et des exemplaires supplémentaires seront disponibles sur demande.

Sophie-Anne Landry

*

Parfois, ils sont des centaines à venir hoqueter dans la
brûlure des vagues. Le craquement de leur respiration
remplit la rumeur. Corps se débattant, désarticulés. Il
faut se pencher à la frontière, surprendre l’appel de
leur langue pour comprendre la bruyance des morts.
Longtemps les regards tendus tapissent le plafond
de ta chambre. Dans la constellation, tu cherches les
mensonges comme une enfant chavirée. Tu voudrais
que tout se taise pour une fois.

*

Parfois, ils sont des centaines à venir hoqueter dans la
brûlure des vagues. Le craquement de leur respiration
remplit la rumeur. Corps se débattant, désarticulés. Il
faut se pencher à la frontière, surprendre l’appel de
leur langue pour comprendre la bruyance des morts.
Longtemps les regards tendus tapissent le plafond
de ta chambre. Dans la constellation, tu cherches les
mensonges comme une enfant chavirée. Tu voudrais
que tout se taise pour une fois.

*

Extraits de Bunkers – Hamac

Autrice et poète québécoise, Sophie-Anne Landry écrit pour établir un dialogue sensible avec les autres et cherche à explorer les blessures individuelles et collectives dans un désir de reconstruction. Lauréate des bourses Jean-Sébastien Pontbriand (2019), mention du prix Alphonse-Piché (2017) et récipiendaire d’un mentorat en arts littéraires de première ovation (2015), sa suite poétique Il fera peut-être naissance est parue aux éditions d’art Le Sabord (2017). En 2021, le collectif épidermes, qu’elle a codirigé avec Mattia Scarpulla, est publié chez tête première. Plusieurs de ses textes ont été lus sur scène (festival de poésie de trois-rivières, mois de la poésie et vendredis de poésie).

Sophie G Lucas

*

sur la vitrine d’un magasin
abandonné
en lettres rouge néon

YES WE’RE OPEN

*

Andrewjz,

c’est for
cé on oublie
les mots
ça se mélange
les langues
je parle dans le vent
je don
ne
plus
de nouvelles
au pays
c’est comme si j’é
tais mort
mes mains ne ser
vent plus à rien
à personne
c’est mort
c’est du petit
bois bon
à mettre au feu

*

c’est là qu’il vient
là qu’il pose son corps
qu’il s’agenouille
et regarde le fond de l’eau
il n’a pas envie de mourir
il cherche son reflet
(le mouvement de l’eau)
ça bouge
il voit les nuages les arbres
les oiseaux leurs reflets
mais il ne se voit pas
peut-être que
il ne cherche pas vraiment
que ça ne l’intéresse plus
et qu’à la place de son corps
dans l’eau
il voudrait être un arbre
un nuage
un cerf ou un traineau

*

Poète nantaise, Sophie G. Lucas est née en 1968 à Saint-Nazaire. Révélée avec son recueil Nègre blanche (Le dé bleu, 2007), elle a reçu le Prix de Poésie de la ville d’Angers présidé par James Sacré. Aujourd’hui AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), elle a été journaliste dans des radios associatives, correspondante locale de presse sur des quartiers populaires, animatrice d’ateliers d’écriture en milieu scolaire et pénitentiaire.

Elle a publié plusieurs ouvrages qui révèlent une veine sociale et documentaire remarquable. Après Témoin (2016) – qui s’inscrit en héritage de Charles Reznikoff – et la réédition de moujik moujik suivi de Notown – publié en un seul volume – en 2017, Assommons les poètes ! paraît en 2018 et est sélectionné pour le Grand Prix SGDL de Poésie 2019.

Dans Désherbage, paru en 2019, Sophie G. Lucas mène une enquête à propos des petites et moyennes bibliothèques, notamment en milieu rural, qui l’amène à développer une grande sensibilité sociale.

Mississippi, la Geste des ordinaires (La Sentinelle, août 2023) est son premier roman. Il paraît simultanément à On est les gens, un recueil de textes poétiques ou en prose (La Sente, août 2023). La sortie de ces deux inédits est l’occasion de rééditer en format poche Assommons les poètes !, ainsi que moujik moujik suivi de Notown.

Sophie G. Lucas partage son écriture entre une démarche autobiographique et intime, et une approche sociale et documentaire.

Questionnaire de P(oés)I(e) – Marco Geoffroy

Bonjour à toutes et tous,
au questionnaire de Pi, j’ai le grand plaisir d’accueillir aujourd’hui Marco Geoffroy.

Présentation:

Né à Saint-Jean-de-Matha, lauréat en 2012 du Prix Alphonse-Piché de l’UQTR. Marco Geoffroy a été publié chez Bouc Productions ainsi qu’aux Écrits de Forges. Ses derniers recueils sont Trames sonores (2016), Bruits (2017) et Ne tirez pas sur le pianiste (2019) et Pièces à convictions (2023). Il a aussi collaboré à plusieurs revues littéraires comme Exit, Le Sabord, Moebius, les Écrits, Femmes de Paroles et La Page Blanche.

1/ Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie ?

En un mot, la genèse de ma poésie a été la musique. Simpliste dit comme ça, mais l’explication est un peu plus complexe. Musicien dans quelques groupes rock, et particulièrement avec Rosenoire dans les années 90, la majorité du matériel étant francophone, ça m’a amené à m’intéresser à nos influences, premièrement plus françaises (Noir Désir, Indochine, Bérurier Noir). Par ricochet, cet intérêt m’a rapproché de tout ce qui se faisait alors au Québec (Grim Skunk, Groovy Aardvark, WD40), et m’a aussi rapproché tranquillement vers la chanson à texte : Richard Desjardins, Félix Leclerc, Gilles Vigneault au Québec. Avec Léo Ferré j’ai eu droit à une leçon de poésie avec les albums Les Poètes. Tout ce parcours m’a fait bifurquer au Cégep de Joliette, pour y étudier les Arts et Lettres en 1998.

2/ Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement ?

Très difficile, mais si je dois me contenter d’un seul recueil, je dois me tourner vers Œuvre poétique 1950-1990  d’Anne Hébert. Une anthologie que j’ai étudié, analysé et décortiqué dans mes études et que je ressors encore très souvent aujourd’hui. Plus spécifiquement le recueil Le tombeau des rois qui en fait partie et qui est une œuvre remarquable. J’aime beaucoup également feuilleter les anthologies. Si on veut diriger nos lectures, ou nos études, toujours intéressant de se faire une plan global d’un courant, d’une culture, etc. Mention spécial pour moi, une anthologie autochtone intitulée Littérature amérindienne du Québec, dirigée par Maurizio Gatti.

3/ Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi ?

Ici aussi il y en aurait tellement à nommer. Pour différentes ambiances, différentes occasions, différentes saisons. J’aime bien me concentrer, quand la question m’est posée, sur les poètes québécois. Premièrement, dans le but de les mettre en évidence, et en deuxième lieu, pour l’élimination d’une liste qui serait interminable!

Je me dois encore une fois, de nommer Anne Hébert, qui se démarque dans l’histoire littéraire québécoise car malgré sa réalité dure et brutale, sa poésie reste raffinée et si soignée, comme si elle se satisfaisait dans l’écriture de faire de la beauté dans un monde qui peut s’enlaidir si facilement. Si frappante et en même temps si difficile à cerner.

Ensuite ne pas nommer pour moi Denis Vanier, serait sacrilège. Il aura été mon premier coup de pied au cul pour écrire un premier poème. Si dans son cas, sa poésie est aussi brute que ses propos, son écriture s’est façonné à même son chemin de croix, qu’il a défriché à sa guise. On passe de Je (1965), écrit à 16 ans, à Porter plainte au criminel (2001), écrit sur ses derniers milles. Tout entre les deux est une évolution. À prendre au passage : Les stars du Rodéo, Vanierama, L’urine des forêts.

4/ Quelle est votre dynamique d’écriture ?

Pour ce qui est de mes recueils, la méthode est, disons, assez anarchique. Je ne m’impose que très rarement d’horaire, ou une discipline. Ni de quantité ou date de tombée. Une dynamique qui change lorsque je me concentre sur des textes pour des revues, ou des contrats précis, avec des thématiques et dates de tombée. Raison pour laquelle j’aime beaucoup travailler sur les deux plans, car ça me fait changer constamment de façon d’écrire, et ne pas rester dans mon carcan habituel.

Dans tous les cas, tout commence par un premier jet, et celui-ci se passe peu importe l’endroit, le moment, la technique. Tout ce qui passe sous mes yeux, ou dans mes neurones est passible d’écriture. Donc l’activité est peu importante. Ça passe en premier par l’automatisme, la phrase-phare, la marche; en plein centre-ville ou en forêt, la contemplation, le trajet d’autobus. Tout ce qui demande du temps, de la réflexion, et du remplissage de calepins.

Ce premier jet fait, le travail commence. La mise en œuvre, ce que j’appelle. Mettre de l’ordre, certains collage de sujets, où se situent les poèmes, dans une suite, une poème seul, etc. Ce travail se fait dans plusieurs étapes, beaucoup de retravail et de recommencements. Ma finalité, mon dernier point est le travail des sons, et la mise en bouche, tout doit être lu à voix haute. Il s’agit souvent du moment où il y a le plus d’élisions faites.  

5/ Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations ?

En introduction à ma réponse j’utiliserais le texte utilisé en C4 du recueil, écrit par Dominique Lauzon :

Pièce à Convictions fait naître un univers composé d’éléments familiers auxquels d’étranges pouvoirs sont attribués. Ainsi en va de l’amour, présenté comme une recherche incessante, sans limite, aux multiples facettes. Comme chacun peut-il vivre ce sentiment dans un monde de tous les dangers, de tous les extrêmes.

Ce recueil est né en plein essor de la pandémie, au début de l’année 2020. Comme si ce moment était enfin arrivé où une introspection s’imposait, où le regard sur soi était sur le point de changer l’image que l’on a sur nous-même ainsi que sur les autres. Plus les pages avancent dans le recueil, plus la transformation est minime. Plus cette révolution ne servira qu’à nous divertir pendant un temps mort.

Personnellement, en comparaison avec mes recueils précédents, celui-ci est une différence dans ses thèmes et ses images, car ma vie durant mes premiers écrits. La vie urbaine, les excès, le manque de sommeil; ont laissé la place à la vie rurale, la nature, la paternité. On voit que les thèmes comme les immeubles, la vie nocturne, sont tranquillement remplacés par les arbres, les espaces verts.

6/ Pouvez-vous nous en offrir un ou deux extraits ?

un labyrinthe de dentelle laisse pousser l’espoir
vers les zones sinistrées
coups et blessures sur les forêts vierges
larguées
le cœur polaire
la langue sur l’aubier
gelés jusqu’au noyau
ancrés par les rhizomes
mariés à l’amour boréal

(p.76)

faites de nous des adolescents
en manque de tout
nos réservoirs débordent de promesses
nos habits d’écoliers se saoulent avec le passé
nous ne sommes que des enfants
avec un plein d’avenir de plus dans les poches

(p.26)

7/ Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi ?

Pour initier à la poésie, qui peut être parfois être difficile à percer en lecture en solitaire. Pour également enrichir un texte, l’image devient un média intéressant pour ajouter à une beauté déjà existante. Poésie et image sont un couple solide. Pourquoi je vous invite à faire un tour sur la page de la revue Exit, à la rubrique suite cinépoétique : https://exit-poesie.com/presentation-cine-poesie/

8/ Le mot de la fin

Le mot de la fin est : CONTINUEZ.

Continuez d’écrire, de décrire, d’analyser, d’être conscient de nos environs, à courte et à grande échelle. Continuez de lire, d’être curieux, d’essayer, de s’émerveiller.
Continuez l’œuvre, de le créer, de le propager.

Un grand merci cher Marco pour vos réponses éclairées et au plaisir.

Jean Perron – Reprendre pied sur l’horizon – par Ricardo Langlois sur LaMetropole.com

Superbe article de l’ami Ricardo

Le poète Jean Perron est sans doute un rêveur comme moi. Il voit le monde avec son cœur d’enfant. Il y a tellement de cruauté dans le monde qu’il faut s’arrêter à la poésie. Le narrateur fait ressurgir le lumineux même dans un abîme d’ombre. Le bonheur est dans la simplicité. Une manière de visualiser le monde. « Pour comprendre la rivière et l’arbre, je me transforme en guitare ». (p. 25 )

Vagabondage de l’Esprit

Je vais citer quelques poèmes. Quelques phrases qui s’approchent subtilement d’une âme mystique.

« Comme s’il avait décloués du ciel mystique où les saints les avaient enfoncés ». ( 1 )

« Pendant que les camions vont et viennent

Je vis dans l’œil des joies balayées

Des meilleurs chances semées à tous vents

Je n’entre pas dans les cases formulaires

Je suis le patient zéro de l’émerveillement ». (p. 11 )

+++

« Mais je reste là à douter et à redouter

Sans rien pouvoir retenir de ce qui s’en va

Seule la beauté insiste pour rester

Au cœur de la nuit recommence la vie

Dans l’obscurité naît une autre journée

Bien avant d’être visible à l’horizon

L’oiseau de nuit finit aussi par s’en aller

Les premiers sons du matin traversent la pluie ». (p.18 )

L’art d’être attentif

C’est la conscience du poète qui savoure l’instant présent. Cette qualité d’attention est plutôt rare puisque le cellulaire a envahi tout l’espace. Avant Facebook, il me semble (pour moi ) qu’à chaque instant on pouvait toucher à l’éternité. L’imagerie cérébrale est importante. Certaines zones du cerveau ont besoin de s’activer dans le vagabondage pur et simple. Apprendre à être contemplatif. Tout est relié dans toutes nos activités : lorsque nous mangeons, lorsque nous marchons, lorsque nous travaillons, lorsque nous écoutons de la musique, etc.

Perron semble avoir tout compris cela. Chaque poème que je lis dans « Reprendre pied sur l’horizon » est une sorte de prière, de méditation sur le quotidien. Le poème « La marche du printemps » est un bel exemple lumineux.

« Je regarde les arbres aux branches nues

Des bourgeons se montrent discrètement

Je me dis que si je n’avais jamais vu le printemps

Jamais je ne pourrais imaginer

Les feuillages les fleurs les fruits

Les pelouses et les potagers verdoyants

Jamais je n’imaginerais qu’après

Cette saison trempée de boue et de larmes

Puisse venir une vie nouvelle ».(p. 39)

Je me suis rappelé Dominique Fortier quand elle parle des fleurs qui ont été « battues de pluie comme la rose de Ronsard (…) pour une fleur, une ondée est chaque fois la fin du monde ». (2 )

Cette réflexion m’est venue comme une référence absolue. Le poète Perron est poète et musicien. Célébrer la vie. Les promenades en forêt, en banlieue, l’observation des oiseaux. Le quotidien comme dans une chanson des Séguin dans « Récolte de rêves ». Aucune influence des médias (d’une atmosphère anxiogène). Oui, on « flotte comme une musique ». (3 ) La poésie est une fable en ce monde moderne. La fable est plus vraie que la réalité, disait Aristote.

Note

  1. Christian Bobin, « Louise Amour », Folio 2005
  2. Dominique Fortier, « Quand viendra l’aube », Alto 2022.
  3.  « Flotter comme une musique », p. 71, « Reprendre pied sur l’horizon », Écrits des Forges 2024.

Lancement de la revue d’idées et de littérature Possibles

Lancement de la revue d’idées et de littérature Possibles

Café L’Exode du cégep du Vieux-Montréal

Public  · Tout le monde sur ou en dehors de Facebook

Vous êtes invité-e-s au lancement du dernier numéro de la revue Possiblessur l’antispécisme et de sa section Poésie et création consacrée aux poètes de l’Islande (dossier spécial), du Québec, de la Bretagne et de la Belgique 

Le lancement se tiendra le 14 mai 2024, à partir de 17h30, au Café l’Exode du cégep du Vieux Montréal, salle A3.84, au 255 rue Ontario Est (Montréal QC H2X 1X6, métro Berri-UQÀM).

Vous pourrez également nous rejoindre en ligne, via Zoom. Pour s’inscrire :
https://can01.safelinks.protection.outlook.com/

Le mini-récital de poésie suivra la présentation de la section thématique, d’une durée approximative d’une heure, une heure et demie. Les poètes devraient donc entrer en scène vers 19h – 19h10.

Des exemplaires de la revue seront en vente au prix de 20$ pour le public. Les collaborateurs et collaboratrices auront droit à un exemplaire gratuit.

Au plaisir d’échanger et de partager un verre avec vous !

Anatoly Orlovsky et Jean-Pierre Pelletier,
Responsables de Poésie et création.

Lancement Femmes de parole No 10

Le printemps est certainement de retour puisque nous lançons Femmes de parole No 10 à Val-David le dimanche 5 mai prochain, à 13h, au Centre d’exposition de Val-David au 2495 rue de l’Église, à Val-David.

Lien de l’événement : https://fb.me/e/6OFZuL74Z

Ce numéro comprend une section Passerelles qui jumelle le Québec et la Bretagne, section orchestrée par Nancy R Lange et Isabelle Moign, et une section hommage à Geneviève Desrosiers, coordonnée par Annie Molin-Vasseur.

Tous les numéros de Femmes de parole !

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