Questionnaire de P(oés)I(e) – Clément Bollenot


Bonjour à toutes et tous,

aujourd’hui j’ai le grand plaisir d’accueillir au Questionnaire de PI un auteur que j’apprécie, Clément Bollenot.

Présentation:

Clément Bollenot est né en 1988 à Lyon. Il écrit par nécessité, pour ne pas accepter le monde tel qu’il est. Enseignant dans le primaire, il milite pour la poésie à l’école. Il aime lire la poésie en public pour la partager, la sortir des livres. Il a récemment travaillé avec le guitariste Lucas Mendez sur le recueil Non-lieu (L’Ail des ours, 2022). Il est également membre du collectif Poétisthme. Il a publié 3 recueils de poésie dont le dernier, Ici l’horizon aux éditions Le Chat polaire.

Son site

1/ Qu’est-ce qui vous a amené à la poésie ?

Je suis arrivé assez tôt et assez progressivement à la poésie, ce qui peut sembler paradoxal. Au lycée, j’ai rencontré la poésie de Rimbaud et de Baudelaire à peu près au moment où je découvrais vraiment les chanteurs à textes Brassens, Gainsbourg, Ferré. J’ai alors commencé à écrire des poèmes qui imitaient vraiment ce que je lisais. Puis j’ai arrêté d’écrire pendant plusieurs années. Puis vers 22/23 ans je dirais, j’ai à nouveau ressenti ce besoin d’écrire car je trouvais que c’était un bon moyen de verbaliser, d’extérioriser des choses assez intimes. C’était une écriture pour moi, plutôt de l’ordre du journal intime. A l’occasion d’un printemps des poètes, je me suis rendu à plusieurs événement dont une lecture où j’ai rencontré la poétesse Samantha Barendson. De là est venu mon intérêt pour la poésie contemporaine. Un monde inconnu et très riche s’est ouvert. J’ai lu, de plus en plus. J’ai écouté des poètes et poétesses d’aujourd’hui. J’ai eu envie un jour de partager mes textes. J’ai franchi le pas et commencé à envoyer à des revues qui ont commencé à me publier. Verso pour la première. Depuis la poésie occupe une place centrale dans ma vie.

2/ Pouvez-vous nous indiquer un livre que vous aimez particulièrement ?

Un livre de poésie ? Il y en a plusieurs, ce serait trop difficile de faire un seul choix mais je peux sans problème évoquer mes récents coups de cœur / coups de poing. Je citerai Rabia de Regina José Galindo aux éditions des Lisières, L’horizon par hasard d’Anne-Martine Parent aux éditons La Peuplade, Vers le Nord de Stéphanie Quérité aux éditions La Boucherie Littéraire, Intérieur nuit de Cathy Jurado aux éditions L’Ail des ours, Ruralités d’Hortense Raynal aux Carnets du Dessert de Lune et Aux îles Kerguelen de Laurent Margantin chez Tarmac.

3/ Pouvez-vous nous dévoiler un ou deux de vos poètes préférés et pourquoi ?

Là encore, trop difficile de n’en choisir qu’un ou deux, ce serait omettre la complexité de mon rapport à l’écriture qui fait que je suis attaché à de nombreuses plumes. En ce moment j’ai un coup de cœur coup de poing particulier pour l’écriture incandescente de Jean d’Amérique. Mais il y a des dizaines d’autrices et d’auteurs que je pourrais citer pour plein de raisons différentes : Laura Vazquez, Isabelle Alentour, Stéphanie Quérité, Thomas Vinau, Mélanie Leblanc, Walt Whitman, Pablo Neruda, Samantha Barendson, Sophie G Lucas, Jean-Pierre Siméon, Estelle Fenzy, Loïc Demey, Rim Battal…

4/ Quelle est votre dynamique d’écriture ?

J’ai beaucoup lu qu’il faudrait écrire tous les jours mais personnellement je n’y arrive pas. Pour écrire, je trouve qu’il faut avoir une disponibilité d’esprit qui n’est pas forcément compatible avec l’exercice d’un métier à temps plein qui accapare beaucoup d’énergie. Au quotidien, je vais avoir tendance à écrire des phrases par-ci par-là, sur un carnet ou sur les notes de mon téléphone. Parfois le soir, je vais avoir la disponibilité d’écrire et écrire un ou deux textes. Mais il peut m’arriver de ne rien écrire de très construit pendant plusieurs semaines. Mais ce sont des semaines où l’écriture mature dans mon cerveau. Quand c’est vraiment prêt par contre, je dois écrire assez rapidement pour ne pas perdre le fil de mon idée, de l’atmosphère que je souhaite donner à mon texte. Alors à ce moment-là je prends, j’arrache le temps nécessaire à l’écriture. Tant pis si ça ne coïncide pas avec un moment où je suis moins dans l’urgence.

5/ Pouvez-vous nous présenter votre dernier recueil, sa naissance, son thème, ses inspirations ?

Mon dernier recueil a été publié en septembre par Le Chat polaire. Il s’intitule Ici l’horizon. Il s’intéresse à la thématique de l’insularité, de la marge. Ce projet est né lors de mes séjours sur l’île d’Ouessant, la terre la plus à l’ouest de la France métropolitaine. C’est une île qui m’a immédiatement fascinée et que j’aime profondément. Ses paysages, les phares, la dureté des éléments, la difficulté de la vie là-bas, même si elle est atténuée aujourd’hui. Jusque dans les années 1960, l’île n’était pas électrifiée par exemple. J’ai écrit des textes en écho. Sur une double page, l’un des textes commence par « ici ». Il s’agit d’une tranche de vie ouessantine que j’ai pu vivre ou observer. L’autre texte commence par « l’horizon ». C’est une réflexion sur la ligne d’horizon qui s’offre partout à notre regard là-bas. C’est aussi un questionnement sur l’horizon à long terme d’une île encore à la marge de notre monde hyperactif mais une marge qui n’en est plus vraiment une malgré tout. Et je crois que cette réflexion peut se transposer sur d’autres îles et d’autres territoires sur le continent où l’on peut se demander s’il existe encore de véritables marges, des zones déconnectées de tout.

Le recueil est illustré par les magnifiques aquarelles de Dominique Brisson qui a saisi parfaitement l’atmosphère du texte et de l’île traduit par des illustrations sobres, épurées et puissantes.

6/ Pouvez-vous nous en offrir un ou deux extraits ?

ici
on apprécie ceux qui arrivent sans faire de bruit
ceux qui se fondent dans le paysage
ceux qui ne laissent pas de traces
dans le creux des chemins

l’horizon est une bouche
qui ne sourit jamais
qui jamais ne fait la moue
une bouche qui recule lorsqu’on s’en approche
une bouche
dont il est impossible de deviner les intentions

7/ Y a-t-il un site de poésie que vous nous recommanderiez et pourquoi ? 

Il y a plusieurs sites que je pourrais recommander. Bien sûr le tien Christophe qui offre un très beau panorama de la poésie actuelle, notamment du Québec. J’y ai fait de nombreuses découvertes. Je pourrais en citer quelques-uns que je consulte régulièrement et qui mettent en avant la diversité, la vitalité et la richesse de la poésie contemporaine : Terre à ciel, poésiechroniquetamalle. En tant qu’enseignant aussi, je recommande le site Littérature portes ouvertes qui est une mine d’or si l’on veut se lancer en poésie avec ses élèves.

8/ Le mot de la fin

N’hésitez pas à découvrir la poésie d’aujourd’hui, il y a des langues qui prennent les tripes, des textes politiques, des mots qui témoignent des problématiques d’aujourd’hui, de nos humanités, des livres qui comptent. Des partages et des rencontres.

Merci Christophe pour ton intérêt et pour cet échange. Bel hiver québécois !

Voilà, un grand merci cher Clément, je te souhaite le meilleur à l’avenir et au plaisir.

3 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Clément Bollenot
    Déc 13, 2023 @ 06:27:56

    Merci Christophe ! 🙂

    Aimé par 1 personne

    Réponse

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